L'avis de: ComicsCultureProject.fr

Après un premier tome pour le moins déroutant, tournant autour de la question centrale - et vous, comment imagineriez-vous la fin du monde ? - James Tynion IV semble vouloir “clore” ce diptyque avec une nouvelle réflexion digne du bac de philo : est-ce qu’il vaut mieux dire la vérité et être l’ennemi de tous ou mentir et être l’ami de tous ? Car c’est là le nouveau dilemme posé par Walter. Toute vérité est-elle vraiment bonne à dire ? Est-ce finalement un mensonge pieux que d’annihiler les souvenirs dérangeants pour rendre une situation plus agréable et pérenne ? J’ai trouvé fascinant de voir la réaction de chacun face à cette épineuse question. De voir à quel point finalement cette question du libre arbitre peut autant diviser. Combien finalement, il est toujours question de soi et de ses priorités toutes personnelles. Ce huis clos est vraiment une très belle réussite à l’intrigue toujours renouvelée. Si certaines questions du tome 1 trouvent leur réponse, elles amènent finalement 5 questions supplémentaires chacune, proposant un récit haletant et profondément mystérieux. On comprend donc bien à quel point ce récit ne pouvait pas se finir ainsi. Car oui, si initialement l’auteur avait annoncé un récit finit en deux tomes, il s’agit maintenant d’un diptyque inaugural. C’est d’ailleurs un point qui, d’après ce que j’ai pu lire sur la toile, divise. Beaucoup seraient déçus de ce changement de cap. Personnellement, je trouve au contraire cette nouvelle non seulement réjouissante, mais également plutôt logique au vu de toutes les questions restées en suspens et surtout de l’immense potentiel sous-tendu par celles-ci. Côté graphisme, je suis toujours autant séduite par ce traitement de l’image si particulier, non sans me rappeler The Department of Truth. Il ne s’agit pourtant pas du même dessinateur : Álvaro Martínez Bueno pour ce titre contre Martin Simmonds pour l’autre. Et pourtant. Alors volonté à part entière ou hasard, voici mon analyse totalement subjective et peut être complètement claquée au sol. Dans ces deux œuvres, certains personnages en proie avec la recherche ou le contrôle de LA Vérité sont dessinées de manière “floue”, “changeante”. Leurs traits ne sont pas précis, pas réellement délimités. La perception de leur corps totalement dépendante de l’angle de vue. J’y vois une métaphore. Une métaphore de cette Vérité mouvante, subjective. De cette atmosphère emplie d’un ballet de questionnements puis de révélations tellement incessant, que la perception de l’environnement ne peut plus s’y fixer. En tout cas si ce n’est pas fait “exprès”, moi je dis chapeau. Conclusion : Un deuxième opus passionnant, au rythme haletant et renouvelant mon intérêt pour la série.

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