Dernière série du bankable Mark Millar qui s’est associé à Netflix (on en parlait ici l’an dernier à l’annonce du partenariat) pour produire ses séries en adaptation vidéo, mais aussi pour produire ses prochains comics. Et voici le premier comics publié par le service de VOD, avec son scénariste vedette, mais aussi le très talentueux Olivier Coipel. Le dessinateur français qui s’est révélé avec les X-Men (Lire le coup de coeur) et a explosé avec sa prestation sur House of M continue de fasciner les lecteurs et d’enchaîner les belles licences.
Pour The Magic Order, ils mettent en scène une version adulte et mafieuse d’Harry Potter, où deux « familles » de magiciens en guerre s’affrontent dans les marges de notre monde. Familles à problèmes, magiciens surpuissants, héroïnes badass, ultraviolence, look rétro, punchlines et twists bien placés : le scénariste applique une recette gagnante dans un style d’univers qui cartonne au cinéma. Un récit court, qui s’apparente à un teaser hors-norme pour la série TV qui est programmé et qui sera réalisé par James Wan (Saw, Aquaman, Swamp Thing). C’est un peu l’ambiguïté du projet, les auteurs signent une histoire à la fois intrigante et un peu prévisible. Tout est bien maîtrisé, et peut être un peu trop calibré pour déjà préparer l’adaptation. Les promesses sont nombreuses et on devine le potentiel derrière l’idée de départ, mais le titre se restreint à ce qui sera possible de faire à l’écran, à ce qui permettra de faire une bonne série. C’est un regret quand on voit le super boulot de l’équipe TV d’Umbrella Academy à partir du comics de départ qui reste une histoire différente. Deux versions, deux réussites. Chacun ses choix.
Malgré cette petite déception, The Magic Order est une réussite, on est pris dans ce thriller ésotérique où la famille dysfonctionnelle de magiciens censée protéger le monde affronte un tueur redoutable piloté par une jeune femme qui n’a pas supporté d’être écartée de la succession. Des airs de mafias, dans le thème et l’esthétique qui mettent en avant les combats où la ruse vaut plus que la meilleure baguette. Une ambiance bien pesante, presque Lovecraftienne couplée à une course contre la montre qui nous fait enchaîner d’une traite les six épisodes de cette série, réunis dans cette intégrale chez Panini.
Le dessinateur Olivier Coipel s’amuse à créer une version gothique, avec un « look prohibition » des années 30 pour ses planches qui se déroulent à notre époque principalement à Chicago, New York, Boston… Il adapte son style, aux hachures et traits noirs pour créer ses sombres héros, magiciens sinistres, monstres informes ou l’élégant Vénitien. Le dessin et l’encrage sont très travaillés pour mettre en valeur ces ambiances noires et fantastiques à tel point que l’éditeur a sorti deux versions, en noir & blanc et en couleur. Ce serait pourtant dommage de se passer des couleurs de Dave Stewart qui mettent bien en valeur les planches et participent de la mise en place des ambiances en accentuant les noirs et du jeu de fini/non fini des dessins de Coipel.
Vous l’aurez compris, on conseille ce titre parmi les bonnes lectures du mois (malgré notre petit regret d’une prise de risque et du manque d’audace de Millar) pour une série bien ficelée qui vaut qu’on s’y arrête. On en reparlera surement au moment de la sortie sur Netflix.
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Ce qu’il ne fallait pas manquer en Mai 2019
Illustration principale & images extraites de l’album
© Olivier Coipel/Panini Comics/Netflix
