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Édito
par Thomas Mourier - le 9/12/2020
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par Thomas Mourier - le 9/12/2020

The Collector, Indiana Jones ou Wimbledon Green, portrait (pas si robot) du collectionneur de bande dessinée ?

Plaisir de lecteur, richesse culturelle, accumulation, exploration, classement, recherche des albums perdus ou de celui qui n’existe pas… Le collectionneur de bande dessinée est pluriel.

Si vous faites partie des 10% de la population française qui a vu Avengers : Endgame et Avengers : Infinity War : la figure de Taneleer Tivan incarné par Benicio del Toro ne vous est pas étrangère. À la fois ennemi/ami des Avengers comme de Thanos, Le Collectionneur (The Collector en V.O.) est une figure un peu à part dans l’univers Marvel, cultivant une ambiguïté renforcée par son don de métamorphose.

Ce personnage passe son immortalité à collectionner les êtres vivants, planètes ou artefacts dignes d’intérêt à la fois pour tromper l’ennui, à la fois pour avoir une armée à son service. Créé par Stan Lee & Don Heck, ce personnage en 1966, on ne sait pas s’ils imaginaient alors la proportion que prendraient certaines collections de bandes dessinées. 

Aux USA, le Guinness World Records a enregistré la plus grosse collection liée aux comics avec 101 822 livres & objets. En France, l’un des collectionneurs ayant déclaré la plus grosse collection de BD en possède 26 000. Des chiffres assez impressionnants (quand on sait le prix moyen d’un album), mais pas tant quand on regarde le nombre d’albums qui sortent chaque année (autour de 5000 pour la bande dessinée au sens large). 

3 Bubbleurs ont accepté de présenter leurs collections de rêve avec des collections qui les placent dans la catégorie poids lourd :

🤠  Plutôt Indiana Jones ou Wimbledon Green ? 

La majorité des êtres humains ont un penchant pour la collectionnite, quelle qu’elle soit, un réflexe ou un biais qui peut devenir une source de plaisir ou de problèmes. La différence entre l’accumulation et la collection réside alors dans le sens qu’on lui donne, dans la manière dont on classe, dans la façon d’en parler et bien sûr de l’exposer.  

©Seth / Seuil

Si je parlais du personnage ambigu de Marvel en introduction, on aurait pu parler d’Indiana Jones aussi, car le collectionneur se rapproche de la figure de l’archéologue. Guidé par le manque, par la recherche de la pièce qu’il n’a pas, il cherche aussi bien de compléter les pièces du puzzle que d’en fabriquer une interprétation. Sans parler du classement, de la mémoire qui s’accumule et de l’expertise naturelle qui en découle. 

Face au collectionneur partageur (et un peu vantard) à la Indiana Jones on peut opposer le profil du collectionneur secret (et un peu spéculateur), véritable expert en cotation incarné par Wimbledon Green, un personnage créé par Seth dans la BD Wimbledon Green : Le plus grand collectionneur de Comics du monde. Seth aime à mettre en scène son travail et les auteurs de bande dessinée qu’ils soient réels ou fictifs. Là, il va plus loin en rassemblant tous les clichés du fan collectionneur pour inventer leur Saint Patron. Usant de la même fantaisie que dans les comics de Disney, on assiste à des courses d’hélicoptères, cambriolages rocambolesques et coffres forts démesurés, vieilles demeures et acolytes idiots… Il invente un double de Picsou dont le « sou fétiche » serait le premier épisode de Superman dans Action comics.

Ironique, cet album est épuisé, et il faudra le chercher d’occasion pour les plus courageux…

C’est le moment de mettre à jour votre liste de souhaits parce que vous avez une chance de gagner votre wishlist Bubble pour toute commande ou réservation en librairie !

📚 Effet de masse et pièces singulières  

La particularité de la collection de bandes dessinée, par rapport à beaucoup d’autres collections, est qu’elle repose sur un objet reproduit en masse. Assez simple à refaire et à se procurer, la collection ne s’attaque pas spécialement à l’objet en lui-même, mais à ce qu’il représente. 

©Dylan Horrocks / Casterman

Aussi certaines particularités s’agrègent pour certains collectionneurs : la 1ère édition (signe de l’acquisition du tirage originel et non d’une réimpression), une dédicace de l’auteur, un ex-libris, une édition collector, des figurines…

Dans Hicksville, Dylan Horrocks nous entraîne dans une petite ville de la Nouvelle-Zélande où tout le monde lit des comics, où se trouvent les éditions les plus rares de précieux magazines, les tout premiers fascicules et surtout d’où vient Dick Burger l’auteur le plus célèbre du moment, véritable successeur de Jack Kirby au titre de roi des comics. En suivant le journaliste Leonard Batts sur les traces de cet auteur milliardaire, nous découvrons aussi les comics dessinés par les habitants d’Hicksville jusqu’aux célèbres planches du roman graphique de Burger qui ont bouleversé l’industrie du comics américain et qui cachent le plus grand secret des comics…

Est-ce qu’on collectionne autant quand tout est disponible même les pièces les plus rares ? 

Envie de prolonger votre collection ou de soigner votre culture BD ? De Tintin à Watchmen, de Little Nemo à L’Attaque des Titans, en passant par L’Arabe du futur, Walking Dead, ou Ranma ½, en 360 pages illustrées, voici un tour d’horizon des classiques incontournables, des pépites méconnues et des auteurs actuels à suivre. 

🧐 Au-delà de l’objet, la culture ? 

Le philosophe et critique allemand Walter Benjamin s’est penché sur le phénomène de la collection au 19e & 20e siècle et écrit que « l’art de collectionner est une forme de ressouvenir pratique, et, de toutes les manifestations profanes de la « proximité, la plus convaincante. »

© David B. / L’Association

En gros le collectionneur en cherchant, accumulant, classant… cultive un savoir sur l’œuvre, ses auteurs, mais aussi le contexte ou le paysage de l’époque…

Dans Les Incidents de la Nuit, David B. rêve d’un livre fantôme qu’il trouve dans une librairie. Sous forme d’une enquête, le narrateur va parcourir Paris et ses librairies à la recherche d’informations sur cette publication, son histoire & son auteur. Le lecteur s’improvise enquêteur, la collection devient preuve et la chasse au livre s’installe dans cet univers parsemé de références littéraires. 

On ne collectionne pas seulement un objet donc, mais une foule d’informations qu’on ordonne, prolonge ou partage. L’accumulation fait collection au moment où elle a un sens —peu importe lequel— et devient une sorte de musée personnel dont le collectionneur est à la fois le conservateur, le gardien, & bien sûr le visiteur. 

Et vous quel collectionneur êtes-vous ?
Plutôt
BD, comics ou manga ? Plutôt compulsif ou prêteur ? 
Dites-le-nous en commentaires ou sur les réseaux ( Facebook Twitter Instagram )


Image principale © John Romita / Gaspar Saladino  / Marvel / Disney 

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