Illustration de l'article
Critiques
par Lise Famelart - le 29/09/2020
Partager :
par Lise Famelart - le 29/09/2020

La fuite du cerveau

En 2018 Pierre-Henry Gomont rencontrait un beau succès critique, avec Malaterre sorti chez Dargaud. L’album remportait le grand prix RTL de la bande dessinée. En cette rentrée, l’auteur est de retour chez le même éditeur avec La Fuite du cerveau.

Chaque semaine, retrouvez toutes les sorties passées au crible de nos rédacteurs dans la catégorie Notre oeil sur les sortiesBDComics ou manga toute l’actualité chroniquée en complément de nos Incontournables ou nos dossiers

La Fuite du cerveau de Pierre-Henry Gomont, Dargaud
Sortie septembre 2020

Lors de l’arrivée des nazis au pouvoir, au début de la Seconde Guerre Mondiale, Albert Einstein quitte l’Allemagne, menacé par la haine contre les juifs. Il s’installe aux États-Unis, comme plusieurs autres scientifiques confrontés au même problème : ce phénomène, on l’appelle la fuite des cerveaux. Dans son album, Pierre Henry-Gomont ne raconte pas la vie, mais la mort d’Albert Einstein. Et la fuite de son cerveau est… littérale.

Alors que l’éminent scientifique décède à Princeton, toutes les caméras et les appareils photos des environs sont tournés vers le théâtre du drame. Einstein a été ferme : à sa mort, son corps ne pourra être donné à la science. Pourtant lorsque le docteur Thomas Stolz se charge de l’autopsie du corps, il voit là une opportunité en or : récupérer le cerveau du scientifique, et peut-être arriver à trouver… la cause du génie ! Faisant fi des dernières demandes du macchabée, il récupère le précieux cerveau et s’enfuit avec. Une fois seul chez lui, il tombe nez-à-nez avec un bien étrange personnage : Einstein lui-même, le crâne ouvert et vide de son cerveau (puisqu’il a été volé), fumant tranquillement sa pipe. Thomas Stolz devient-il dingue ? Einstein n’est-il pas censé être mort ? Et peut-on vraiment déterminer la cause du génie en trifouillant dans une masse de chair ?

Vous l’aurez compris, La fuite du cerveau est un album barré, dans le fond mais aussi dans la forme. Pierre-Henry Gomont jongle avec le crayon comme d’autres avec des torches enflammées. Les onomatopées deviennent des éléments du décor, coloriées pour être plus expressives, les bulles se font parfois énormes, parfois minuscules, elles bondissent, elles serpentent… l’album entier semble presque viscéral, mais ça se lit avec une telle facilité qu’on croirait être installé devant un bon film. L’auteur part d’un postulat fou, absurde, et parvient tout de même à nous embarquer dans une histoire haletante dont on ne décroche pas de la première à la dernière page. Une vraie pépite, tant graphique que scénaristique !


Image principale : © Pierre-Henry Gomont / Dargaud

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail