Illustration de l'article
Critiques
par Elias Toussaint - le 15/07/2021
Partager :
par Elias Toussaint - le 15/07/2021

Porchery : la boucherie n’est pas celle que vous croyez

Finch et Mauricet nous livrent ici une lutte des plus brutales et déjantées où la nature, et plus précisément le bétail, vient prendre sa légitime revanche sur l’Homme.

Un homme innocent qui sort de prison après avoir purgé une peine injuste, la sœur de la victime qui cherche à la venger, des cochons démoniaques qui projettent de dominer le monde et n’hésitent pas à massacrer des êtres humains… En lisant le pitch de ce comics, notre bon sens cherche dans un premier temps à déterminer si nous sommes plus face à un polar cliché ou alors à un nanar tiré par les cheveux. Affranchissez-vous de vos idées reçues, lecteurs, et venez vivre cette drôle de guerre !  

Porchery, qui se veut déstabilisant et peu compréhensible au début, plonge le lecteur dans une ambiance macabre où les indices sont cher payés et où les personnages se voient encerclés par le mal. 

Quel mal ? Et bien rien d’autre que des anges déchus enfermés dans des hôtes porcins. Bien que restant des êtres supérieurs, ils sont enfermés dans leur misérable condition de sac à viande, et ont subi les pires traitements le long de notre Histoire. Au fur et à mesure que sont représentés des duels et des retournements de situations, on en revient parfois à se demander “qui est qui entre hommes et cochons ?”, et ce jeu de devinettes n’est pas facilité par les changements d’enveloppes corporelles de la part des démons…

Le lard ne se laisse plus découper

A travers une lutte acharnée contre un ennemi tentaculaire et mystérieux, nos héros vont tenter de décimer des myriades de cochons démoniaques, qui quant à eux semblent avancer vers leur but inéluctable : dominer la Terre. 

On remarque dans Porchery un parti pris pour une violence récurrente et un sang rouge vif tâchant les pages et rappelant le sang porcin, comme si nous étions en permanence dans un abattoir.

Une difficulté sous-jacente que Finch et Mauricet ont dû affronter est celle de “rendre mauvais” les cochons, et de représenter de manière vraisemblable des combats entre eux et les humains. Les choix assez réussis des auteurs font oublier ce problème dans l’ensemble, de part l’enjeu de chaque situation, à l’ambiance construite avec des cases grand format (creepy comme il faut) montrant parfois de véritables monstres.

Mais aussi aux corps des animaux qui, bien que grotesques, restent massifs et menaçants ou encore  la dimension magique des armes en argent qui apportent du contexte. 

Afin d’aérer la narration, de courts récits viennent s’intercaler, décrivant de manière malicieuse et mortifère le rôle des cochons démoniaques dans certains désastres, considérés accidentels, de notre Histoire.

Passer à côté du dessin d’un petit cochon au gilet à l’inscription « Emotional support animal” et à la casquette au pouvoir mystérieux serait une action des plus regrettables !

Des incertitudes angoissantes sur les intentions et l’identité des personnages débouchent sur des rebondissements surprenants qui nous prennent de court jusqu’au final et en font une histoire réussie.

Porchery, de Mauricet et Tyrone Finch, Les Humanoïdes associés


Illustrations : © Mauricet / Tyrone Finch / Les Humanoïdes associés

© Mauricet / Tyrone Finch / HiComics
© Mauricet / Tyrone Finch / HiComics
© Mauricet / Tyrone Finch / HiComics
Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail