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Incontournables
par Thomas Mourier - le 28/06/2017
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par Thomas Mourier - le 28/06/2017

Persepolis de Marjane Satrapi

The voices est un film incroyable, magnifique et barré de Marjane Satrapi avec Ryan Reynolds (oui oui Deadpool) en tueur amoureux-naïf épaulé par les fabuleuses Gemma Arterton et Anna Kendrick qui chantent et dansent au milieu des cadavres et de la folie meurtrière de ce collègue dérangeant, un psychopathe gentil et gaffeur qui se laisse… Lire la Suite →

The voices est un film incroyable, magnifique et barré de Marjane Satrapi avec Ryan Reynolds (oui oui Deadpool) en tueur amoureux-naïf épaulé par les fabuleuses Gemma Arterton et Anna Kendrick qui chantent et dansent au milieu des cadavres et de la folie meurtrière de ce collègue dérangeant, un psychopathe gentil et gaffeur qui se laisse guider par les voix de son chien et de son chat (bonne et mauvaise conscience) et qui voit la vie à travers un filtre rose grâce aux médocs. Probablement un des meilleurs films de ces dernières années, et c’est ce qui m’a donné envie de vous reparler de sa réalisatrice et de son chef-d’œuvre : Persepolis.

Best-seller international et phénomène éditorial, cette série est la première bande-dessinée indépendante qui a traversé les frontières et qui a imposé le roman graphique en France comme un genre rentable et incontournable devenu familier des lecteurs d’aujourd’hui. On ne refait pas l’historique de ses années de mutation pour la bande-dessinée européenne mais cette œuvre marque un avant et un après dans la production et influence d’autres auteurs mais également des politiques d’éditions qui se tournent vers ce nouveau marché qui est devenu un genre –ou presque- dans le catalogue des grandes maisons d’édition en plus du travail de pionnier mené par les maisons indépendantes.

Encouragée par l’un des fondateurs de L’Association, David B., Marjane Satrapi va construire une autobiographie en bande-dessinée qui évoque son enfance en Iran pendant la Révolution Islamique et la dictature, puis son arrivée en Europe et l’adolescence période punk avant un retour en Iran et son installation définitive en France. Un roman initiatique avec un regard aiguisé sur le monde qui se superpose dans ces pages pleines d’émotions.

Organisée autour de souvenirs thématiques, cette série aborde l’histoire compliquée de ce pays à travers les yeux d’une petite fille, un questionnement incessant sur la fin de l’innocence et la fragilité du monde qui nous entoure. Politique, religion, traditions, culture populaire,… tout est passé au crible et remis en question dans cette société qui fait table rase de son présent. La violence ressentie et retranscrite par le personnage de Marjane enfant nous fait ressentir le cauchemar progressif de la dictature qui s’installe. Un récit dur, heureusement contrasté par l’innocence poétique et l’humour féroce de la jeune fille.

« Je voulais être à la fois, la justice, l’amour et la colère de Dieu »

Symbolique, iconique, proche des miniatures persanes dans la composition de ses planches, le trait de Marjane Satrapi innove en proposant ces personnages en blanc sur noir ou en noir sur blanc qui semblent découpés et collés sur le papier. Un style qui sera mainte fois copié, mais qui ouvre au moment de sa parution tout un nouveau champ d’exploration graphique. Répétitions de motifs, variation de structure des cases, absence de décors récurrents ou scènes foisonnants de détails, superpositions et collages, irruption du rêve et de l’imaginaire dans la représentation du réel sans marqueur de distance,… Les pages de ses livres fascinent par leur apparente simplicité et fourmillent de trésors. Pas étonnant que ce langage si riche sous un vernis de simplicité ait traversé autant de barrières culturelles et linguistiques pour devenir l’un des albums contemporains français les plus lus à l’international.

Si je vous parlais de son dernier film en introduction, c’est qu’elle consacre aujourd’hui ses créations dans le domaine du cinéma. Après une adaptation très réussie de Persepolis en film d’animation co-réalisé avec Vincent Paronnaud (Winshluss) pour laquelle ils remportent le prix du jury en 2007 et l’Oscar du meilleur film d’animation 2008 à Cannes, elle ne publie plus de bandes-dessinées. Vous pouvez –vous devez– lire Persepolis et vous pouvez continuer avec Poulet aux Prunes et Broderies, et découvrir ses livres jeunesses Le Soupir, Ajdar, Ulysse au pays des fous et Les Monstres n’aiment pas la lune si vous aimez aussi son trait et son univers. N’hésitez pas à poser vos questions, à demander des précisions dans l’app ou sur nos réseaux.

Images extraites de l’album © Marjane Satrapi/L’Association

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