Peer Gynt est un doux rêveur en recherche de liberté, d’aventure et de conquêtes. Il veut quitter sa triste campagne pour devenir empereur. Commence un drame, une quête initiatique.
Pour sa première bande dessinée en solitaire, Antoine Carrion (Nils, Temudjin) prend à cœur son sujet grâce à une mise en scène et une ambiance très travaillées. Du brouillard, des visions, des femmes, un phrasé, un texte et un jeu d’acteur qui rappellent que l’auteur adapte une pièce de théâtre. Son appropriation de Peer Gynt fait sensation. Son esthétique grandiose, ses pages sombres et foisonnantes renforcent la puissance du récit original tout en gardant son mystère et sa poésie. L’exigence qu’impose la narration contraste avec la profusion de décors et sa représentation immédiatement immersive. Au sein des planches, l’antihéros romantique voyage dans un univers clair-obscur fantastique, comme si Pierre Soulages rencontrait Gustave Doré. On se perd parfois dans le texte, complexe et exigeant, mais on est immédiatement rattrapé par la richesse picturale hypnotique de l’auteur, qui nous invite à parcourir lentement ses pages et à nous replonger dans cette adaptation avec délectation.
Peer Gynt d’Antoine Carrion, Soleil
Sortie février 2021
Illustration principale : © Antoine Carrion / Soleil