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par Thomas Mourier - le 28/02/2020
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par Thomas Mourier - le 28/02/2020

Parcours de lecteur.trice.s au Festival de la BD d’Angoulême

Angoulême on en parle à travers les prix, les expos, les auteurs ou les événements, mais on ne lit pas souvent des témoignages de lecteur.trice.s. Comment on vit le plus grand festival de bande dessinée ? Interviews de nos lecteur.trice.s à Angoulême.

Que vient-on chercher à Angoulême ? Le plus grand Festival d’Europe dédié à la bande dessinée, annonce plus de 220 000 visiteurs chaque année dans plus de 20 lieux dans la ville. Durant quatre jours, 6000 professionnels de la bande dessinée du monde entier, dont 1500 auteurs invités, rencontrent leurs publics. 

Si dans les allées du Festival nous avons été confrontés aux 220 000 visiteurs, nous avons posé des questions à 16 d’entre eux, tous fans de Bubble, qui découvraient le Festival pour la première fois ou d’autres qui viennent chaque année.

🥾 « Angoulême : le Saint Jacques de Compostelle des BDphiles »

Une phrase de Julien qui mélange l’aspect fascinant, voire presque religieux pour certains (et l’importance de la marche dans ce festival réparti aux 4 coins de la ville).

« Un énorme rassemblement » pour Stéphane ; « À faire au moins une fois dans sa vie » pour Jessy ; « Angoulême pour moi, c’est la capitale de la BD. C’est une ville que je trouve chaleureuse ! » conclut Armelle.

« La vitrine mondiale du 9ème art ! Un lieu d’échanges, rencontres et surtout de belles découvertes. » s’enthousiasme Geoffrey ; « Le lieu où on peut faire de belles rencontres, et découvrir de nouveaux auteurs de nouvelles BD et visiter des expositions. » complète Yoann.

« L’occasion de découvrir de la BD. Des BD indépendantes ou internationales… mais ça, c’était avant l’application Bubble et son groupe Facebook. » taquine Raphaël ; Joëlle est du même avis « Une parenthèse enchantée pour découvrir de nouvelles BD, rencontrer les auteurs et faire le plein de dédicaces, et faire la fête bien sûr ! ».

Tout simplement « Le festival de la BD, depuis 2 ans » pour Laurence ; une découverte pour Shu « Un festival de BD dont je ne connaissais que le nom jusqu’à cette année ! » ou Gilles « Tout d’abord, une ville de Charente visitée lors de vacances avec mes parents bien avant d’être le temple de la BD. L’année dernière a été ma première participation au festival avec un ami. Nous avons pu réaliser notre rêve. »

Timothée compare « Le plus grand festival de BD de France, en tout cas le plus connu, car je crois que les salons du livre ou Saint Malo font bien concurrence en taille et invités. » ; confirmé par Caroline qui en fréquente beaucoup « Un incontournable, mais le festival le moins reposant aussi. » 

Pour Nicolas, c’est « une course à la belle rencontre avec des auteurs » et surtout « la BD sous toutes ses formes » pour Benoit.

Dédicace pour Nicolas par Olivier Ledroit 

🧡 « Mon meilleur souvenir ? Une discussion avec Riad Sattouf dans un parking. »

Confidence d’Armelle qui parle aussi de sa « magnifique dédicace de Catherine Meurisse » ou de sa découverte du prix Couilles au cul dans le Off. 

Fans de dédicaces ou intéressés par les rencontres et les interventions de leurs auteurs préférés, tous mentionnent les rencontres avec les auteurs comme le point fort de leur visite. Caroline : « La rencontre avec Catherine Meurisse que j’admire, mais aussi ma rencontre avec le grand Gibrat, un de mes objectifs de vie de BDphile. »

Pour Joëlle aussi « Des rencontres émouvantes avec certains auteurs (Craig Thomson, Emil Ferris…). »  Idem pour Yoann « Les rencontres avec des instagrammeurs, des bubbleurs et des échanges avec Vero Cazot, Cecile Bidault, Bénédicte Carboneill alias Carbone, Justine Cunha, Grazia La Padula. » 

Ou Nicolas : « Une rencontre avec Éric Herenguel : je suis le 1er pour la dédicace et je lui pose 2/3 questions, il répond et à la fin du dessin, il se lance dans 10 minutes où il donne les détails croustillants de la suite du scénario… On boit ses mots ! »

Pour Julien ce sera : « La masterclass avec Robert Kirkman. Sinon beaucoup de belles rencontres auteurs ou festivaliers. » Et Laurence : « Quand ma belle fille a vu son Youtuber préféré qui signait Frigiel et Fluffy, elle n’a jamais été aussi heureuse. »

Il faut profiter du moment pour Gilles : « L’ambiance générale du festival et l’organisation vraiment top. L’année dernière, j’avais bien apprécié le petit-déjeuner organisé par Bubble. » et pour Caroline : « Le boulot, 😉 mais aussi l’ambiance, j’y retrouve les copains chaque année. »

Geoffrey qui est libraire conclut « Il y en a beaucoup… des moments “off” partagés pendant le festival avec des amis libraires ou scénaristes/dessinateurs… » 

Dédicace pour Yoann de Grazia La Padula

✍🏻 « Les dédicaces : oui mais pas à n’importe quel prix. » 

Tout d’abord, on pense aux auteurs, résume Julien « C’est d’actualité, aux auteurs qui défendent leur art et surtout de pouvoir en vivre. » Vous pouvez lire notre dossier sur la situation des auteurs ici. Il continue sur les choses à améliorer « Comme beaucoup discuté avec certains d’entre vous notamment pendant le festival, une organisation plus juste pour les dédicaces. »

Les auteurs ont manifesté le vendredi après-midi pour attirer l’attention du public et des médias sur leur statut et leurs conditions. Nicolas décerne un « prix de l’auteur qui aime son public Merwan, il part faire la grève, mais il revient après et chamboule le programme de son éditeur pour assurer les dédicaces avec le sourire et une gentillesse incroyable ! »

Du bon sens pour Raphaël : « Pas de dédicaces au ticket. Pas de dédicaces payantes. Pas de dédicaces avec 3 heures de queue. Dédicaces si les circonstances font que la personne est dispo et en a l’envie. »

Pour Armelle aussi, c’est un « échange avec l’auteur et dessinateur. Et pour ma part, je leur offre toujours des gâteaux, car Angoulême c’est épuisant ! »

Dédicace pour Delphine de Elliot Raimbeau  & Philippe Lobjois

🕒 Les dédicaces : « Les files d’attente interminables ! »

Difficile, résume Jessy « Non pas par manque d’envie, mais surtout par manque de temps (trop de choses à voir) après les files d’attente n’aident pas non plus. »

Geoffrey analyse cette ruée qui pousse certains à faire des heures de queue ou à courir à l’ouverture des stands « Personnellement je ne cours pas après, mais je comprends l’engouement que cela peut susciter chez les collectionneurs, cela reste une preuve concrète et surtout unique d’une rencontre avec le dessinateur. »

Certains sont bien organisés comme Joëlle « Je prends le temps chaque année avant le festival de recouper toutes les infos présentes sur les sites où réseaux sociaux de chaque éditeur (ou auteur) pour établir un planning précis heure par heure ! »

Dédicaces oui, mais pas à n’importe quel prix Timothée : « Si on a le temps et l’organisation. Je n’y suis allé qu’une journée je savais qu’en voulant voir les expos, je ne verrais pas beaucoup d’auteurs. J’ai juste eu le droit à une signature de Charlie Adlard en partant prendre mon train par hasard sur un stand avec personne. »

Pour beaucoup, c’est plutôt si l’occasion se présente, comme Caroline « Quand j’ai le temps entre 2 interviews, mais mon homme est toujours avec moi, passionné BD, il aime les dédicaces. » ; Yoann aussi « Cette année, je ne me suis pas focalisé sur ça ou alors sur des auteurs avec moins de monde et c’est aussi un moyen de découvrir d’autres personnes. » 

C’est aussi l’avis de Gilles : « Pas accro aux dédicaces et à la perte de temps dans les queues. Mais si l’occasion se présente et que je peux échanger avec l’auteur alors oui, je fais dédicacer mon album. » Et Benoît « S’il n’y a pas trop de monde. »

Une échappée raisonnée pour Laurence : « 2 par an sinon on ne profite pas du festival. » Plus mitigée pour Julien « Pas toutes celles que j’aurais voulues, mais assez pour ne pas rentrer déçu. » et « Les nœuds au cerveau pour assimiler les organisations de chaque éditeur pour les dédicaces. »

Un bilan tempéré par Armelle : « Chaque dédicace est à mes yeux unique. Donc, chaque photo prise, chaque dédicace est un souvenir merveilleux. »

Joëlle lance une idée « Comme discuté lors de la soirée Bubble, une appli pour l’aide à la recherche des sessions de dédicaces serait la bienvenue pour beaucoup de monde. »

Dédicace pour Shu de Gregorio Muro Harriet & Alex Macho

🎨 « Mon endroit préféré au Festival ? Devant une table, à regarder un auteur à l’oeuvre ! »

Cette phrase, c’est Shu qui nous l’offre. Il se souvient des « 2h d’attente pour la dédicace de La honte et l’oubli chez Glénat. 2h de discussion avec les auteurs et une dédicace magnifique ! »

Pour Delphine, Laurence, Armelle, the place to be est Le monde des bulles. Caroline y a même rencontré son conjoint. Pour Joëlle et Geoffrey, c’est le Nouveau Monde, la bulle des indépendants « On y trouve des nouveautés surprenantes. » Raphaël donne ses bons plans au « para BD, le premier jour d’ouverture public et les quelques bonnes affaires. » 

Yoann et Nicolas ont leurs habitudes dans « le petit bar derrière la bulle où on se retrouve entre copains pour se montrer nos trésors de guerre de la journée ! »

Timothée loue la programmation au musée d’Angoulême ou les expos « Jean Frisano en tête. » Stephane l’exposition Gunnm, et Raphaël se rappelle de son expo préférée autour d’Akira en 2015.

Pour Julien et Gilles, ce sont « les rues d’Angoulême » et « l’ambiance générale ». Enfin pour Delphine et Joëlle, « La soirée Bubble du samedi ! »

Souvenirs de Laurence

🌙 « Ma première nuit sans couverture »

Yoann nous rappelle les conditions compliquées d’hébergement à Angoulême fin janvier. « Mon pire souvenir : l’hôtel. » résume Delphine.

Pour Timothée, c’est le prix d’entrée trop élevé et les files d’attente qui gâchent un peu le séjour : « 25€ la journée, c’est pas donné. On sent que niveau fréquentation c’est tendu, faire la queue pour des expos était prévisible, mais pour rentrer dans les espaces éditeurs, là j’ai été surpris. »

L’attente, une remarque qui revient tout le temps. Raphaël précise : « Le passage Vigipirate qui créer 2h de queue pour rentrer dans les halls d’expo. » Joelle : « La pluie ? Et aussi certains vieux collectionneurs qui squattent plusieurs queues à la fois. » ; « La foule de l’espace principal » précise Gilles. « Les bousculades pour approcher un auteur » raconte Caroline.

Nicolas se souvient des « 4h d’attente pour une dédicace de Homs où il s’arrête juste devant moi, car le salon ferme. C’est vite oublié après les 3h d’attente le jour suivant pour avoir ce petit moment avec lui… Il aurait dédicacé jusqu’au bout de la nuit, mais son éditeur lui a dit d’arrêter. Un auteur en or comme beaucoup d’autres ! »

Geoffrey de retour dans sa librairie

🔥 Alors qu’est-ce qui fait qu’on n’y revient malgré les conditions difficiles ?

Pour Delphine : « Des dessinateurs et auteurs que l’on voit rarement. Une diversité hors pair. » ; Jessy confirme « Au vu du renouvellement des expos et invités chaque année, je peux comprendre l’envie d’y retourner. » Laurence confirme « Les BD qui sortent en avant-première, les dédicaces, les expositions. » Stéphane : « La curiosité pour les nouveautés ».

Un sentiment partagé par Joëlle « L’occasion de voir un maximum d’auteurs en quelques jours. La bulle du Nouveau Monde, toujours un plaisir à parcourir. La chasse aux dédicaces, un sport dans lequel on commence à exceller. Les expos de très grande qualité. Les bars du centre-ville ! » Pour Benoît : « Le côté bien français du festival, les expos et l’opportunité des rencontres. »

Armelle : « Ce qui fait qu’on y va tous les ans, c’est d’avoir cette proximité avec les auteurs et de rencontrer des gens comme nous, fous de BD. De découvrir à travers les expos, des auteurs différents de ceux que l’on a l’habitude de lire… »

Certains sont des habitués comme Geoffrey « Je suis libraire spécialisé en BD, Angoulême reste le salon incontournable de l’année pour connaître les nouvelles séries/rencontrer leurs dessinateurs. » 

Ou Raphaël « C’est ma 16e venue au festival. Depuis quelques années, je n’y trouvais plus l’intérêt. Mais depuis 3 ans, j’y accompagne des groupes d’ados à qui je fais partager ma passion pour le comics et le franco-belge. Et en échange, ils me font découvrir le manga et la jeunesse. »

Pour les nouveaux, c’est une bonne expérience. « Vu que c’était ma première fois, je sais que les prochaines seront forcément mieux. Mais pour une première, j’avoue j’ai plus qu’apprécié. » raconte Julien.

Même constat chez Timothée « C’est un endroit avec une concentration d’auteurs pour ceux qui veulent des dédicaces qui peut attirer. Moi de mon côté, je dois avouer que les expos exclusives m’attiraient depuis un moment. »

Caroline et son selfie de Jean-Pierre Gibrat

🤳🏻 « Un selfie et le numéro de portable de Jean-Pierre Gibrat » 

Caroline a ramené quelque chose d’unique. Comme Geoffrey « De belles éditions, des raretés, des nouveautés de petits éditeurs ou d’indépendants… et une belle pile de lecture… » 

Pour beaucoup ce sera une dédicace, Robert Kirkman pour Julien « mais pas de Adlard !!! » nargué par Timothée « L’édition grand format du dernier volume de The Walking Dead dispo uniquement au festival, signé par Charlie Adlard. Et ce n’est même pas pour moi haha. »

« Les Tambours de Srebrenica » pour Delphine ; « Une dédicace de Grazia La Padula pour un ami et une dédicace d’Alfred pour une amie » pour Yoann.

Joëlle raconte « Cette année, c’était la dédicace de Guarnido. Mais sinon, au-delà des dédicaces, c’est vraiment l’ambiance et les rencontres qui sont uniques ! » Laurence confie « J’ai du acheter une seconde fois Il faut flinguer Ramirez pour avoir la signature de l’auteur. » 

Shu ramène un beau souvenir « Je me suis rendu compte en discutant avec un auteur que je ne connaissais pas qu’il était l’auteur d’une des premières BD que j’ai lues étant gamin ! Inattendu et tellement sympa ! »

Un sentiment partagé par Gilles « Des souvenirs de ce moment tant attendu et quelques découvertes. » Ou Nicolas « Des échanges avec les auteurs… Ils sont uniques à chaque fois. J’ai croisé 3 fois Laurent Astier en 1 an, cet auteur a toujours le sourire a toujours envie de discuter et de faire plaisir par un petit dessin ! »

Raphaël « Mon premier achat d’édition originale Spirou et Fantasio La Corne de rhinocéros » ; « Rien pour Jessy par manque d’organisation de ma part. Hâte d’y retourner mieux préparé. »

Armelle à la rencontre de ses auteurs préférés

👫 « La passion, la patience et les copains »

C’est comme ça que le résume Nicolas. « Un lieu de rencontres et de retrouvailles pour Joëlle avec une amitié forgée au fil des années avec celui qui partage le même logement que nous à chaque fois. Et une soirée délirante au bar Pura Vida. »

Yoann : « Les rencontres ! On rencontre non seulement des auteurs, des maisons d’édition, mais aussi, c’est un lieu d’échange où les passionnés se rencontrent. L’occasion de voir des amis que l’on voit qu’à cette occasion. »

Et pour Benoit : « Avoir fait des heures de route pour passer cette journée entre passionnés avec mon père ! »

Dédicace pour Gilles de Bruno Loth

🙋‍♂️ « Je crois que si j’y retourne, je m’organiserai un peu mieux pour plus profiter »

Confie Gilles quand on pose la question d’y retourner l’année prochaine. Tous ou presque répondent un grand oui « à condition d’aplanir Angoulême » précise Caroline

D’autres comme Delphine, Julien ou Benoit ne pensent pas tout de suite, Julien relance « mais selon les invités cela pourrait changer… »

Pour certains, ce ne sera pas chaque année, mais en explorant d’autres festivals comme résume Nicolas « Angoulême c’est la grande messe, mais les petites prières à la gloire de la BD dans les petits festivals c’est top aussi ! »

Geoffrey propose « Les expos dans d’autres villes ? En France ou à l’étranger. »  Gilles aussi : « L’envie d’y retourner est forte après cette première visite l’année dernière mais pas au point d’y retourner chaque année. Par contre, cela m’a donné envie d’aller à d’autres festivals moins gigantesques (Dieppe, Quimper). »

Yoann conclut « Il faut aller voir les autres festivals, Blois, Saint-Malo, Tours, Lyon, etc. Ils sont plus petits mais l’important c’est d’y faire de belles rencontres et découvrir de nouveaux horizons de lectures. »

Merci aux bubbleurs qui ont bien voulu répondre à ces questions, à ceux qui sont passés nous voir à la soirée et on espère que cette interview à plusieurs voix vous donne des pistes pour le prochain festival et des idées pour cette année.  
Et venez faire un tour sur le groupe Faecbook Bubble !


Illustration principale : Photo prise à Angoulême au coeur de l’exposition “Wallace Wood

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