Ouch ! Elle est pas facile la p'tite hein ! Bon, tout le monde connait la table ronde, Merlin, Arthur, le Graal, tout ça... C'est bon ? Et bien on oublie, on se fait une jolie page vierge, et on laisse sa place à Morgane, future reine de Tintagel, fille aimée de son pôpa, qui déjà petite se forge une belle armure en forme de caractère bien trempé, pas prête une seconde à se laisser marcher sur les escarpins par qui que ce soit, et encore moins à se laisser cantonner au rôle de brodeuse de tapisserie professionnelle ! Mais voilà... Bien évidemment il va en être autrement. Et voilà un splendide roman graphique qui fait la part belle à une fée Morgane pleine de rancœur et d’orgueil, sulfureuse et bien décidée à être maîtresse de sa vengeance ! Mais aussi profondément blessée, trahie, convaincue, complexe. On prend plaisir à la détester en lui trouvant des excuses ou à l'aimer en lui trouvant des torts. Elle déteste autant et aussi mal qu'elle aime, Morgane. Merlin en sadique égocentrique manipulateur, Arthur en simplet imbu de sa personne, tout le monde en prend pour son grade ! Alors oui, moi, le plan des vilains zhommes et des gentilles madames martyrs, ça me gave un peu, j'suis pas femen pour un sou. Pas besoin d'être féministe, je suis DÉJÀ une gonzesse... Des fois... Mais là c'est bien amené, et notre fée Morgane est tellement torturée et torturante que j'ai pris le parti de ne pas tomber dans cette lecture là (qui d'ordinaire m'aurait clairement fait fermer le tome assez vite) Et ce dessin. CE DESSIN ! C'est à tomber par terre. Toutes les influences de Fert se marient à merveille pour servir les variations de l'histoire, c'est tout en ombres, en douceur, en noirceur. Ça sent la magie, les sous-bois, les mauvaises intentions, la poudre et la chevalerie faux-cul qui se néglige. C'est beau putain ! Bon. Moi j'ai adoré. Voilà.
