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Incontournables
par Lucie Kosmala - le 11/12/2018
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par Lucie Kosmala - le 11/12/2018

Monter sur les planches ou les remplir : Edmond de Léonard Chemineau

Les auteurs font depuis bien longtemps figure de scénariste, et plus que jamais à notre époque, où les mois défilent aussi vite que les adaptations d’œuvres littéraires sont à l’affiche des salles de cinéma. C’est désormais monnaie courante (et monnaie assurée) que l’industrie cinématographique pioche dans la bande dessinée pour y trouver de nouvelles inspirations…. Lire la Suite →

Les auteurs font depuis bien longtemps figure de scénariste, et plus que jamais à notre époque, où les mois défilent aussi vite que les adaptations d’œuvres littéraires sont à l’affiche des salles de cinéma.

C’est désormais monnaie courante (et monnaie assurée) que l’industrie cinématographique pioche dans la bande dessinée pour y trouver de nouvelles inspirations. Mais que la bande dessinée pioche son inspiration dans une pièce de théâtre (contemporaine qui plus est) qui a elle-même pioché dans le patrimoine littéraire, pour nourrir le cœur de son intrigue. Et que la pièce soit au passage adaptée au cinéma en début d’année prochaine (sachant d’ailleurs que la pièce devait à l’origine être un film… est-ce que vous me suivez toujours ?), voilà qui devient particulièrement intéressant.

Le projet multi-supports dont il est question ici est celui d’Edmond, la pièce du scénariste et metteur en scène Alexis Michalik, primée de cinq Molières, dont celui de l’auteur et du metteur en scène (c’est dire, donc, si l’histoire et la manière avec laquelle elle est racontée ont leur importance). Créé en 2016, le spectacle poursuit son exceptionnel triomphe à Paris et en province — et les adaptations en BD & en film ne devraient qu’aggraver encore d’avantage ce succès, et c’est tant mieux !

Edmond raconte l’histoire de la création de la pièce Cyrano de Bergerac par Edmond Rostand. Il est alors un dramaturge dans le creux de la vague après l’échec cuisant de sa dernière pièce en alexandrins, et ce, malgré la présence prestigieuse de la comédienne Sarah Bernhardt. Comment ce poète maudit va-t-il alors devenir le plus grand succès du théâtre français ? C’est ce qu’Edmond a pour ambition de raconter.

Il est tout simplement passionnant de découvrir l’adaptation de la pièce d’Alexis Michalik sous les crayons de Léonard Chemineau. Si la mise en scène de Michalik, véritable virtuose de la transition, déploie des trésors d’astuce et d’imagination pour figurer différents espaces et proposer un spectacle immersif à fort concentré d’évasion, la bande dessinée, malgré son caractère figé, ne s’embarrasse d’aucune contrainte spatiale… hormis celle de la page.

Léonard Chemineau s’empare de cette même page avec une liberté et une intelligence à la hauteur de celles explorées par Michalik dans ses pièces. Pour respecter le découpage et dynamisme des scènes,  qui ne doivent perdre ni leur apport narratif ni leurs émotions, l’artiste conçoit un espace graphique dans lequel l’espace qui sépare les cases n’a rien d’une frontière infranchissable. Il multiplie les angles de vue, détoure ses personnages ou les fait surgir en gros plan dans des cases rondes pour mieux en montrer leurs mouvements et leurs états d’âme. Ce découpage parfois impertinent permet au récit d’en ressortir énergique et riche de sens.

Chemineau installe avec patience et précision son intrigue avant qu’elle ne démarre sur les chapeaux de roue, portée par une foule de protagonistes hauts en couleur, au propre comme au figuré, dans le sillage de l’héritage laissé par la jovialité du vaudeville. Au programme des réjouissances : le nœud inextricable d’intrigues amoureuses, l’angoisse de la page blanche, et d’autres conflits d’intérêts teintés d’absurde !

Ce livre est un spectacle, et procure autant de plaisir à la lecture après avoir vu la pièce que lorsqu’il est découvert pour la première fois. Et de la même façon que la pièce de Michalik est accessible à toutes et à tous, sans avoir besoin d’un bagage littéraire ou théâtral particulier pour en apprécier le divertissement, la bande dessinée propose un récit autour d’une des plus grandes figures du patrimoine culturel français qui n’en demeure pas moins léger, drôle, malin et passionnant ! 

Rendez-vous en janvier 2019 pour découvrir sur le film sera aussi bien adapté que la BD. 

Images extraites de l’album : ©Léonard Chemineau /Rue de Sèvres

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