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Incontournables
par Thomas Mourier - le 19/10/2016
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par Thomas Mourier - le 19/10/2016

Martha & Alan d’Emmanuel Guibert

Il est peut-être mon dessinateur préféré. Celui dont les dessins m’attrapent et me poussent dans une sorte de rêverie éveillée. Le trait, ou plutôt les traits, d’Emmanuel Guibert me fascinent par leurs mystères et leurs simplicités. J’ai commencé par La Guerre d’Alan et Le Photographe à peu près en même temps. En plus des sujets… Lire la Suite →

Il est peut-être mon dessinateur préféré. Celui dont les dessins m’attrapent et me poussent dans une sorte de rêverie éveillée. Le trait, ou plutôt les traits, d’Emmanuel Guibert me fascinent par leurs mystères et leurs simplicités. J’ai commencé par La Guerre d’Alan et Le Photographe à peu près en même temps. En plus des sujets fascinants de ces livres qui s’attachaient à des histoires vraies et à des moments historiques, il y avait ce dessin étonnant, à la fois fantomatique et obsédant. Certains moments, les hommes n’étaient que des ombres dans des étendues vides que l’on sentait grouillantes de monde. Alors que d’autres silhouettes semblaient sortir d’un documentaire sans que cela pose problème.

Au fil des livres, j’ai découvert un conteur précieux ainsi qu’un dessinateur fabuleux qui explore de nouvelles techniques à chaque album et se renouvelle beaucoup : il n’y a qu’à jeter un œil sur ses carnets de voyage fascinants. Et c’est dans ce nouvel album, Martha & Alan qu’il explore une autre histoire du « cycle d’Alan » : les albums consacrés à Alan viennent à former une sorte de saga nordique avec plusieurs époques, qui se déroulent soit autour de l’enfance, soit autour de l’expérience durant la Seconde Guerre mondiale et son arrivée en Europe.

Cette parenthèse émouvante autour d’un premier amour qui le poursuivra toute sa vie donne l’occasion au dessinateur de passer à la couleur et de tenter encore de nouvelles choses. Expérimentations graphiques à l’encre et aux craies sur rhodoïd pour magnifier les décors et les paysages de l’enfance alors que la trilogie de la Guerre d’Alan se passait pratiquement des décors. Les cases sont abandonnées au profit de pleines pages plus proches du livre pour enfant, soulignant la dimension importante du souvenir et de ce paradis perdu que beaucoup cherchent à retrouver une fois adultes.

« J’ai toujours voulu te dire combien j’ai regretté de t’avoir si mal reçu quand tu es venu me voir avant ton service militaire. J’avais passé une journée affreuse et j’étais de très mauvais poil.’’
Elle s’était souvenue de ça jusqu’à l’âge de soixante ans. »

Difficile de ne pas vous conseiller toute l’œuvre de Guibert, de ce cycle d’Alan –peut importe l’ordre où on les découvre– en passant par Le Photographe, Les Olives noires, Le Capitaine écarlate, La Fille du professeur,… mais aussi ses albums pour la jeunesse comme les séries Sardine de l’espace et Ariol. Que ce soit destiné aux adultes ou aux enfants, ce sont les relations humaines, les sentiments et l’attention aux détails qui sont au centre de son œuvre. Ce sont des albums qui nous invitent à nous questionner, à réfléchir à ce qui est important tout en prenant beaucoup de plaisir à lire ces fictions, souvenirs et anecdotes. J’ai commencé cette chronique en parlant de mon amour pour ce dessinateur incroyable, mais c’est surtout son talent de conteur qui en fait l’un de plus grands auteurs de la bande dessinée.

Images extraites de l’album ©Emmanuel Guibert/L’Association

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