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Critiques
par Rémi I. - le 10/07/2020
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par Rémi I. - le 10/07/2020

Manga : rattrapage de mi-année

Que vous soyez à court de lecture ou à la recherche de titres terminés, cette sélection vous permettra de rattraper votre retard avant le rush de la rentrée !

Nous voilà déjà à la fin du premier semestre et à deux doigts des vacances d’été. On a décidé de faire un point sur les séries récemment terminées dont on ne vous a pas encore parlé. On espère que vous trouverez votre bonheur dans cette sélection à la grande diversité de thèmes, de genres et d’approches… et que vous y piocherez au moins une de vos lectures estivales !

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Sommaire 📰

Elle qui se laissait dévorer de 61Chi, Éditions H
Route End de Kaiji Nakagawa, Ki-oon
Contes imaginaires de Tomoko Hako, nobi nobi !
Dimension W de Yūji Iwahara, Ki-oon
Carnet de chats de Yumi Ikefuji, Soleil
Félin pour l’autre de Wataru Nadatani, Doki-Doki
Soul guardians d’Icori Ando, Komikku

Elle qui se laissait dévorer de 61Chi, Éditions H

Allez, commençons cette sélection « manga », par le titre qui n’en est pas un. En effet, 61Chi est une autrice taïwanaise, il s’agit donc à proprement parler d’un manhua. C’est dans un grand format que les éditions H ont décidé de publier cette histoire courte, et on comprend pourquoi dès qu’on ouvre l’ouvrage. La jeune autrice a un dessin qui prend forme à mi-chemin entre crayonné et lavis au pinceau. Plein de vie et de charme, il impose sa patte tout en rappelant le trait vibrant de Nicolas de Crécy, la simplicité de Natsume Ono et l’élégance de Mizu Sahara, trois auteurs dont l’autrice revendique l’influence.

Mais derrière cette beauté se cache une histoire douloureuse. Shih-Jhen est victime de harcèlement scolaire. Elle est sur le point à mettre fin à ses jours quand une étrange bestiole vient lui montrer que l’école n’est qu’une passade et que la vie lui ouvre les bras. C’est avec une touche d’espoir et de fantastique que ce sujet sensible – et malheureusement toujours d’actualité – est traité.

En plus de proposer la petite trentaine de planches de la bande dessinée, cet ouvrage retranscrit la nouvelle originale adaptée par 61Chi. Bonne idée éditoriale tant la BD et la nouvelle s’enrichissent l’un l’autre, comme on a pu en faire l’expérience avec Une femme et la guerre. En bonus, le livre présente des croquis préparatoires et une interview éclairante de 61Chi.


Route End de Kaiji Nakagawa, Ki-oon

Un tueur en série rode et commet de nombreux crimes à l’atroce mise en scène. Méticuleux, il fait de nombreuses victimes sans qu’on arrive à mettre la main sur lui. Autour de lui gravitent quatre individus qui luttent tous comme ils peuvent avec leur passé : Akina, une policière, Taji, un nettoyeur de scènes de crime, et deux autres nettoyeurs bien singuliers.

Route End se construit comme un polar très humain en laissant autant de place à l’enquête qu’à ses personnages torturés. Nombre d’entre eux ont vécu des drames familiaux et ont un rapport à la mort particulier. Chacun vivant sa vie avec difficulté, mais volonté de s’en sortir, on apprend à les connaître en profondeur et on découvre leurs blessures intimes. Ils se dévoilent au fur et à mesure que le récit avance et que les cadavres s’amoncèlent.

Voilà un vrai bon polar qui sait voir plus loin que le bout de son nez. Très resserrée sur ses personnages, l’intrigue fouille plus du côté du drame intime que de l’aspect thriller. Au point même que le récit ne se termine pas à la découverte de l’auteur des crimes et continue en explorant la psychologie macabre de celui-ci. Une lecture riche et déchirante.


Contes imaginaires de Tomoko Hako, nobi nobi !

Qui ne connaît pas les contes de Hans Christian Andersen et des frères Grimm ? Vous pensez les avoir trop lus/vus/entendus ? Rien n’est moins sûr ! Surtout quand Tomoko Hako se les approprie et les lie dans 3 recueils d’histoires courtes. Son travail permet non seulement de découvrir certains récits moins connus (Le Roi Bec-de-grive, Les ducats tombés du ciel, Les Habits neufs de l’Empereur…), mais aussi de redécouvrir certains éléments d’histoires beaucoup plus classiques (La Petite sirène, La Reine des neiges, Le Petit chaperon rouge…).
Avec son dessin méticuleux, l’autrice met délicatement en image des mondes à la fois connus et mystérieux. Non seulement elle nous promène sans difficulté dans le monde des contes, mais en plus elle a la bonne idée de sortir ces classiques de leur forme traditionnelle souvent très figée. Ses ajouts, écarts et libertés sont bienvenus et rendent la lecture audacieuse, habile, gracieuse, douce ou mélancolique… Même si le format impose des fins abruptes, c’est une belle proposition pour (re)plonger dans ces histoires, que l’on soit petit ou grand.


Dimension W de Yūji Iwahara, Ki-oon

Voilà 36 ans qu’on a découvert une quatrième dimension de laquelle on peut importer une source d’énergie intarissable. La vie en 2072 n’est ainsi plus la même que celle que l’on connaissait avant. Les moteurs à combustion ne sont presque plus de la partie, le papier non plus. L’énergie est à présent quasi exclusivement utilisée via des dispositifs appelés « coils ». Un peu bloqué dans le passé, Kyoma est un récupérateur de coils illégaux. Lors d’une de ses missions, il rencontre Mira, une jeune fille qui se révèle être une androïde.

L’auteur qu’on avait déjà remarqué pour son Roi des ronces ou son adaptation de Darker than Black nous réserve ici sa plus longue et plus audacieuse série. Son dessin plus léché que jamais est travaillé au trait et au noir plus qu’à la trame. Jouant avec le contraste, il livre des planches dynamiques de toute beauté. Son héros à un côté immédiatement sympathique à la Spike de Cowboy Bebop, et son récit se construit autour du rapport homme/machine, de la technologie, de la science-fiction, de l’aventure et de l’action. L’univers est très dense, complexe et inspiré. L’intrigue pleine de rebondissements, la mise en scène captivante et le plaisir de lecture au rendez-vous !


Carnet de chats de Yumi Ikefuji, Soleil

Les mangas et les chats, c’est toute une histoire. Après le succès de Chi – Une vie de chat, nombre de titres plus ou moins intéressants ont poussé en librairie. Là où de trop nombreux titres jouent sur le kawaii et l’humour, Carnet de chats préfère la douceur et la délicatesse.
Pour tous les amoureux de chats, cette série raffinée met nos petites boules de poils au cœur du récit, sans les idolâtrer ni en faire des mascottes de mignonneries. Comme dans Le Paradis des chiens, cette série s’attache à développer des histoires félines courtes loin des poncifs du genre. Chaque récit met en avant un individu et son histoire à hauteur de patte. On est mis dans la peau de ces chats et on entre immédiatement en empathie avec leur vécu.

Très bien dessinés, les chats sont plus vrais que nature et leurs histoires respirent le réalisme. Avec l’attention du détail, Yumi Ikefuji retranscrit parfaitement leurs postures et comportements sans en faire des tonnes. Attendrissant sans être mièvres, ces tranches de vie aux tonalités multiples offrent une lecture apaisante.


Félin pour l’autre de Wataru Nadatani, Doki-Doki

Encore un manga de chats ? Oui, bon, c’est vrai. Mais si on vous en parle, c’est qu’il a une nouvelle fois l’avantage d’arriver à proposer du neuf. Dans celui-ci, Kensuke n’a qu’une envie, devenir « maître-chat ». Il faut dire qu’il les adore, les photographie, les admire, les adule… et les connaît par cœur ! Il va donc tout faire pour arriver à vivre à leurs côtés quoi qui lui en coûte. Dans sa quête initiatique le menant à son rêve, il deviendra le disciple de l’expérimenté Jin.

Dans cette série, c’est l’humour qui prime. Son ton léger et son approche frontale a la saveur des shônen des années 90 fonctionne au premier et au deuxième degré. À vouloir constamment connaître et servir les chats, les personnages se mettent dans des situations cocasses.  Et cette fois-ci, ce sont les humains qui sont tournés en ridicule à cause de leurs comportements. Et, tout en permettant une analyse des attitudes félines, nombre de situations feront forcément réagir les propriétaires de chats par leur ridicule ou leur vraisemblance.

Cette série courte offre en définitive un moment de détente simple, agréable et qui faut du bien. Idéal pour passer un bon moment tout en oubliant les chaleurs de l’été !


Soul guardians d’Icori Ando, Komikku

En France, on avait découvert le travail d’Icori Ando dans le magazine de création Akiba manga. Komikku l’avait ensuite remis sur le devant de la scène avec son très bel hommage au mythe japonais de la femme des neiges qu’elle revisitait dans Snow illusion. La voici depuis lancée dans une série de science-fiction. Quel grand écart et quelle réussite pour un tout premier récit du genre ! En partant sur une de base simple, l’autrice arrive non seulement à créer un monde riche et crédible, mais également à développer des personnages avec tact et empathie. Imbriquée dans l’intrigue, leur psychologie est exploitée en toute cohérence avec le scénario.
Dans ce manga, il est possible de récupérer l’âme des morts. Des brigades sont affectées à cette mission, mais cette avancée technologique amène à la création de réseaux parallèles et à la délinquance que cela engendre. Alternant scènes d’action très bien rendues et moments plus calmes accrocheurs, le scénario est si solide qu’il aurait pu être développé sur plus de tomes. Malgré une fin précipitée, mais satisfaisante, cela reste un bon divertissement, qui a en plus l’avantage de ne pas laisser la réflexion de côté.


Illustration principale : © Yuji Iwahara / SQUARE ENIX CO., LTD.

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