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Critiques
par Thomas Mourier - le 24/04/2019
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par Thomas Mourier - le 24/04/2019

Maestros de Steve Skroce, Dave Stewart & Fonografiks

La fantasy weird débarque dans nos bibliothèques avec ce titre trash et décalé qui semble tout droit sorti des années 70-80, qui lorgne du côté Métal hurlant avec un accent contemporain. Dont le ton et le dessin rappellent la trilogie Black Summer de Warren Ellis & Juan José Ryp avec une appétence pour la violence… Lire la Suite →

La fantasy weird débarque dans nos bibliothèques avec ce titre trash et décalé qui semble tout droit sorti des années 70-80, qui lorgne du côté Métal hurlant avec un accent contemporain. Dont le ton et le dessin rappellent la trilogie Black Summer de Warren Ellis & Juan José Ryp avec une appétence pour la violence au moins égale et une frénésie graphique dont on sent le plaisir à chaque page.

Prince expatrié sur terre qui vit en hédoniste, Will va devoir reprendre sa place royale après la mort violente de sa famille. Bastons, guerre d’ego, sexe, déviances et tentatives de gouvernance, le comics embrasse plusieurs thèmes autour de la notion du “no limit”, mais se penche plus particulièrement sur un aspect généralement oublié de ce type de récit : la gestion du pouvoir. Car c’est bien beau de massacrer tout le monde et de s’assoir sur le trône, mais après il faut gouverner. Et Will va tester plusieurs idées…

Malgré les massacres et la testostérone omniprésents, le langage reste au centre de l’album. Avec des dialogues bien sentis et des tirades très élaborées en contrepoint de jeux de mots vaseux. On sent le plaisir du grotesque, de tourner en ridicule un certain type de production mainstream et de repenser ce type de fantastique jusqu’à sa conclusion explosive. Humour débile, pastiche sans être parodie : on a un côté joyeux dans cette frénésie de destruction et de situations limites, de pirouettes scénaristiques parfois plus proche du sketch que du récit proprement dit.

Quand on découvre l’album, c’est surtout le dessin qui saute aux yeux. Assez moderne et cru, Steve Skroce a une passion pour le détail anatomique, les gros plans et son soin apporté aux entrailles et aux explosions de chairs. Rien ne l’arrête, compositions géométriques très travaillées, décors grandioses, détails et de fioritures qui donne du corps à ce récit déjanté. Mais aussi du côté des personnages où tout le registre y passe du magicien aux zombies, des elfes aux démons sans compter les créatures maisons, hommes plantes, femmes céphalopodes… On sent le plaisir du dessinateur à chaque page dans ce bestiaire infini. L’auteur a été Storyboarder pour le cinéma, avec pas mal de beaux films de SF, très esthétiques, à son tableau de chasse : Matrix, I, Robot, V for Vendetta, ou Cloud Atlas… Il a travaillé également sur Wolverine, X-Men ou encore Spider-Man avant de dessiner l’étonnant We Stand On Guard sur un scénario de Brian K. Vaughan où son trait promettait déjà beaucoup. Sur Maestros, il fait sauter les dernières limites, et confie les couleurs à Dave Stewart qui travaille le côté pop et luxuriant des planches. Un gros boulot dans les détails foisonnants, avec des effets de matière ou d’aplats bien sentis dans cette masse de traits.

Un comics bien décalé, un délire très maîtrisé et entraînant qui change de ce qu’on lit en ce moment. Un titre très drôle et dépaysant même pour les grands lecteurs de comics ou de fantasy, d’ailleurs pour les amateurs, c’est comme ça que j’aurais aimé lire l’adaptation des Princes d’Ambres, classique de la fantasy de Roger Zelazny. Seul petit regret, que l’auteur n’ai pas mis tout son talent dans une histoire plus dense (et plus longue) car tout est là pour lancer une belle saga. Ce sera pour le prochain !

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Images extraites de l’album © Steve Skroce / Dave Stewart / Fonografiks / Hi Comics

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