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Incontournables
par Thomas Mourier - le 3/08/2016
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par Thomas Mourier - le 3/08/2016

Macanudo de Liniers

Cette fois on va très loin, on vous propose de découvrir un dessinateur capable de réaliser à la main les couvertures des 5.000 premiers exemplaires de son nouvel album. Pour le plaisir, pour la surprise. Et des surprises il y en a autour des strips de l’argentin Liniers. De très courtes histoires publiées dans le… Lire la Suite →

Cette fois on va très loin, on vous propose de découvrir un dessinateur capable de réaliser à la main les couvertures des 5.000 premiers exemplaires de son nouvel album. Pour le plaisir, pour la surprise. Et des surprises il y en a autour des strips de l’argentin Liniers.

De très courtes histoires publiées dans le quotidien argentin La Nacion où l’auteur jouit d’une totale liberté de ton. Quelque peu en décalage avec ce journal plutôt à droite, ses strip sont une sorte de pirouette, de contre-point. Aussi dans une interview pour Libération, il déclarait:

« J’ai appelé mon strip Macanudo («formidable») dans l’esprit des films anti-establishment. Chaque jour, dans les pages du journal, après toutes les nouvelles déprimantes, il y avait ce mot «formidable» qui revenait. Mon métier, c’est de travailler ce décalage. »

Car, vous allez vous en rendre compte en lisant les extraits ci-dessous, l’humour déployé dans Macanudo est vraiment hors-compétition. Funambulisme verbal, double-sens graphique, chaque strip est une perle d’absurdité et de loufoquerie qu’on a envie de partager. L’auteur joue aussi bien sur l’effet de surprise que sur le comique de répétition, allant même jusqu’à créer des situations tellement alambiquées que le lecteur du journal doit connaître l’univers pour comprendre le strip de la semaine (heureusement pour nous, La Pastèque édite les recueils complets).

On serait tenté de dire que si la série à tant de succès –en millions de lecteurs rien qu’en espagnol- ce serait dû à cet effet de complicité assez unique. Vous allez vous en rendre compte en lisant les recueils, on croise régulièrement les personnages emblématiques comme la jeune philosophe Enriqueta accompagnée de son ours en peluche et de son chat, le mystérieux homme en noir sans but, les lutins homosexuels ou encore les pingouins crétins (oui la référence aux célèbres rongeurs idiots est voulue, vous comprendrez en lisant),… bref tout un monde saugrenu et chaleureux dont les seuls points communs sont cet humour pince sans rire et leur vie indépendante dans les souvenirs du lecteur.

« Ému par la magnificence de la terre, Funes s’approcha du ruisseau. Pendant qu’il observait ces méandres, il murmura ces mots…
– Ça caille ici ! »

Que ce soit des lutins en quête d’identité, des pingouins plus que naïfs, une olive malchanceuse, un robot ultra-sensible ou encore des feuilles de platane suicidaires, les habitants de Macanudo n’ont pas fini de vous faire sourire –et parfois hurler de rire.

Derrière son trait minimaliste et ses couleurs pastel se cachent un humour féroce et un regard aiguisé sur notre société. Liniers fait parti de cette famille d’artistes très rare qui fait assez confiance à l’intelligence de son lecteur pour l’emmener loin, ouvrant d’autres portes à l’imaginaire et à la rêverie. J’espère que vous confirmerez après lecture mais il y a bien un avant et un après Macanudo !

Images extraites de l’album © Liniers/La Pastèque

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