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Incontournables
par Thomas Mourier - le 22/02/2017
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par Thomas Mourier - le 22/02/2017

Lucky Luke de Guillaume Bouzard

Chaque année apporte son lot de reprises, de renaissances et de redémarrages pour les grandes séries qui ont fait l’histoire de la bande dessinée franco-belge. Souvent décriées et redoutées par les lecteurs (la liste est trop longue pour toutes les citer) certaines se révèlent être de belles surprises, à l’image de ce génial Lucky Luke… Lire la Suite →

Chaque année apporte son lot de reprises, de renaissances et de redémarrages pour les grandes séries qui ont fait l’histoire de la bande dessinée franco-belge. Souvent décriées et redoutées par les lecteurs (la liste est trop longue pour toutes les citer) certaines se révèlent être de belles surprises, à l’image de ce génial Lucky Luke repris par Guillaume Bouzard.

On découvre un Lucky Luke un peu couillon, incapable de se prendre en main et empêtré dans une relation ambiguë avec Jolly Jumper. Le dessinateur révèle une facette intéressante de ce personnage mystérieux, le cowboy solitaire doit sa survie et son succès à la chance plus qu’à ses compétences.

Et soudain tout concorde : l’absence de projet ou de centre d’intérêt en dehors d’attraper les Daltons et autres bandits, la fuite en avant devant les relations personnelles ou les discussions, l’impossibilité de se fixer et d’avoir un lieu à soit, la même fin après 70 ans d’aventures,… Lucky Luke ne prévoit rien, il attend. Et quand son seul ami, son partenaire Jolly Jumper n’est plus là pour l’encourager et le conseiller ; Lucky Luke apparaît démuni, fini.

De leur côté, les Daltons restent égaux à eux-mêmes, forts de leurs obsessions et marottes individuelles ; et l’auteur n’a eu qu’à pousser un peu le curseur pour rendre Joe encore plus perturbé et permettre à Avrel de s’émanciper. Les autres personnages sont tout aussi réussis, l’essence de chaque archétype défini par Morris et Goscinny est redoutablement réinterprétée. L’auteur se permet d’ajouter à cet univers déjà très dense son propre humour et ses décalages qui ont fait son succès ; et l’ensemble est réussi.

« — Écoutez Luke…sans vouloir me mêler de ce qui ne me regarde pas…j’ai vraiment l’impression qu’il faut que vous renouiez le dialogue avec Jolly Jumper ! Je pense qu’un petit voyage en tête à tête vous ferait le plus grand bien !
Vous… croyez ?
Mais bien sûr !!! Rien de tel qu’un voyage pour casser le train-train quotidien ! Faites-moi confiance ! Vous verrez, cette mission va recréer les liens encore plus forts avec votre cheval !!! »

Les références et clins d’œil aux albums les plus célèbres du lonesome cowboy sont omniprésents dans le dessin et les dialogues. Et que ce soit dans le découpage, le choix des cadrages et des couleurs, Guillaume Bouzard rend hommage à Morris et ses innovations si personnelles. Comme dans tous ses albums, les personnages sont bavards, et s’enlisent dans leurs discours absurdes et les personnages de l’Ouest n’échappent pas à la règle –pour notre plus grand plaisir.

Sûrement un des meilleurs albums « personnage vu par… » avec le Spirou, Le Journal d’un ingénu d’Émile Bravo. Avec son côté très décalé, les personnages sonnent juste et malgré les prises de libertés avec l’univers et le dénouement assez culotté qui unit deux personnages emblématiques de la série, l’esprit de la série est respecté et on apprécie cet hommage décapant. C’est probablement la clef de la réussite d’une reprise : l’appropriation complète de l’univers et du personnage par l’auteur, tout en dynamitant les codes et les attentes du lecteur.

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Images extraites de l’album © Guillaume Bouzard/ Lucky Comics

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