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par Thomas Mourier - le 3/08/2018
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par Thomas Mourier - le 3/08/2018

Les sorties de juin 2018 en 8 essentiels

Coup d’œil dans le rétro sur les albums incontournables du mois de juin dernier. On a lu une bonne partie des nouveautés et on vous propose 8 titres essentiels à lire cet été. Au sommaire : #Manga Zero de Taiyô Matsumoto, Pika#BD Santiagolfe du Morbihan de B-gnet, Vraoum#comics Star Wars – Strips volume 01 de Russ MANNING,… Lire la Suite →

Coup d’œil dans le rétro sur les albums incontournables du mois de juin dernier. On a lu une bonne partie des nouveautés et on vous propose 8 titres essentiels à lire cet été.

Au sommaire :

#Manga Zero de Taiyô Matsumoto, Pika
#BD Santiagolfe du Morbihan de B-gnet, Vraoum
#comics Star Wars – Strips volume 01 de Russ MANNING, Delcourt
#Manga Blue Giant de Shinichi Ishizuka, Glénat

#Comics Les Grandes aventures de Romano Scarpa – T03 : 1957/1959 de Romano Scarpa, Glénat
#BD Les Cahiers Japonais T2— Le vagabond du manga de Igort, Futuropolis
#Manga L’Histoire des 3 Adolf & Ayako, d’Osamu Tezuka, Édition prestige, Delcourt/Tonkam

Ce sont bien sûr des suggestions, n’hésitez pas à compléter ces propositions avec d’autres albums que vous avez lus et aimés ce mois-ci.

#Manga
Zero de Taiyô Matsumoto, Pika

Le mangaka Taiyô Matsumoto sera à l’honneur en janvier avec une exposition au prochain Festival de la BD d’Angoulême. Une belle nouvelle qui accompagne une vague de publication en France entre des ouvrages plus anciens en parallèle de ses albums récents : Les Chats du Louvre (Lire le coup de cœur), que l’on vous conseillait en mars dernier et Sunny (Lire l’incontournable). Avant la sortie programmée de sa série Le rêve de mon père chez Kana en septembre, Pika a sorti en juin un gros one-shot Zero.

Avec beaucoup de grâce et dans une mise en scène qui n’appartient qu’à lui, Taiyô Matsumoto mets en scène les dernières semaines du plus grand boxeur de son temps. Champion invaincu qui préfère les fleurs aux humains, ces derniers étant trop fragiles. Portrait en finesse de ce génie du noble art, incapable de comprendre ses semblables et dont l’existence se résume à gagner chaque match. Zero au zénith découvre un challenger à sa hauteur, un homme qui pourrait le vaincre après une série de déceptions. Comme dans tous les livres, les détails incongrus ou les moments hors du temps abondent comme autant de narrations secondaires.

Les déformations physiques ou les changements de style de dessin impriment un mouvement saccadé et poétique dans une œuvre très rythmée et haletante. Difficile de ne pas être en empathie avec ce géant capable de pulvériser n’importe quel adversaire, mais qui réagit comme un enfant perdu. Un beau point d’entrée dans son univers avant d’attaquer ses chefs-d’œuvre Amer béton ou le Samuraï bambou.

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#BD Santiagolfe du Morbihan de B-gnet, Vraoum

Place à l’absurde et au pastiche en terrain connu. Héritier des grands maîtres de l’humour Daniel Goossens ou Marcel Gotlib en tête, B-gnet peut tout dessiner et se couler dans tous les styles possibles sans se perdre dans la blague potache. Toute la difficulté de la parodie ou de la caricature réside dans l’équilibre entre sa justesse, sa compréhension immédiate et le fait de ne pas user du cliché facile ; et l’auteur de Lutin Spirix y excelle. Le dessinateur s’attaque à un sujet et propose une ballade délirante tout en se jouant des archétypes, des lieux communs et des attentes du lecteur. Humour corrosif porté par un dessin léché, le style de B-gnet rappelle les grandes heures de Fluide Glacial où la connerie s’accordait au diapason avec le talent.

Après un album au far-ouest pour Santiago, son homologue version fantasy, Santiagolfe du Morbihan, va traverser sa Terre du milieu : la Bretagne. Une quête absurde avec des situations et des répliques qui n’auraient pas détonné dans un épisode de Kaamelott, tel est le destin de ce personnage qui en a ras de bol de ces bobo elfiques, de la magie et toutes ces tolkienneries. Un des albums les plus drôles de ce début d’année (et on est déjà début août pour vous dire le niveau), qui j’espère vous fera plonger dans son univers et vous poussera à courir vous procurer ses autres albums et recueils.

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#Comics
Star Wars – Strips volume 01 de Russ Manning & Co, Delcourt

Le premier épisode de la trilogie originelle connait un énorme succès dans les salles puisqu’il sera le long métrage n° 1 de l’année 1977 dans les salles de ciné. Mais aussi l’un des films les plus rentables d’Hollywood et surtout la licence qui va devenir la reine des produits dérivés en faisant la fortune de Georges Lucas.

Alors que le deuxième volet est en préparation, que deux romans pionniers et quelques comics chez Marvel sont déjà en librairie : l’univers des Skywalkers apparaît dans les journaux en 1979 sous la plume du vétéran Russ Manning. Très grand styliste et technicien, le dessinateur a œuvré sur Tarzan pendant 15 ans en adaptant le personnage en comics. Le dessinateur est un adepte de science-fiction à travers sa série emblématique Magnus et il va faire de ces strips quotidiens un rendez-vous prisé des fans. Les planches que l’on découvre sont à la fois respectueuses des personnages et de l’histoire de Lucas, tout en gardant un sens du rythme propre aux parutions en journaux : suspens et surprises en fin de strip, nouveaux personnages pour intrigues secondaires et incursions comiques régulières de nos robots préférés pour alléger le tout.

Si Georges Lucas s’est beaucoup inspiré d’auteurs de bande dessinée pour mettre en place sa saga, en retour celle-ci aura servi de matière à des centaines de titres et séries diverses. Et celle (courte) de Russ Manning compte parmi les plus réussies sur tous les plans. L’intégrale met en avant les contributions des scénaristes et dessinateurs qui l’ont accompagné puis remplacé après son décès en décembre 1981, Alfredo Alcala en tête qui continuera sa collaboration sur le titre avec Archie Goodwin et Al Williamson, qui vont durablement reprendre la publication.

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#Manga
Blue Giant de Shinichi Ishizuka, Glénat

Difficile à rendre en dessin, la musique reste pourtant un thème très associé à la bande dessinée. Beaucoup de passerelles sont possibles et le défi technique de rendre les sons et les émotions provoquées par la musique attire les dessinateurs. Le mangaka Shinichi Ishizuka s’y essaie ici avec un style assez neuf, dans le rendu graphique et la mise en scène.

La dynamique du dessin et sa précision, les choix de cadrages ou de rythmes lors des sessions musicales sont assez inédits et réussis. Une vibration particulière traverse ces planches où la technique de dessin change et détonne avec ce que l’on a pu lire avant sur ce thème.
Échouer et recommencer pour devenir le meilleur, le canevas de l’histoire reste assez « classique » avec un jeune garçon qui découvre le jazz et va se dédier plus que de raison à cette pratique sans rien y connaitre.

Pourtant Blue Giant va un peu plus loin que ce schéma en court-circuitant cette ficelle narrative. Sauts dans le futur où l’on sait qu’il a réussi, moments intenses où le jeune saxophoniste se lance devant un public (d’amateurs de jazz ou non) et l’ensemble donne une atmosphère unique qui en fait un manga un peu à part. Le choix des paysages, de la région très verdoyante où se déroule l’histoire et des plans nocturnes participent à cette ambiance atypique. Série terminée en 10 volumes dont 2 sont déjà disponibles.

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#Comics
Les Grandes aventures de Romano Scarpa — T03 : 1957/1959 de Romano Scarpa, Glénat

Les grands auteurs qui ont œuvré sur les personnages de Disney font l’objet d’une vague de parution chez Glénat où l’éditeur propose des intégrales chronologiques. Après Carl Barks et Don Rosa les deux maîtres américains qui ont façonné Donaldville et ses habitants, après Floyd Gottfredson et son travail sur le personnage de Mickey, c’est au tour du maître vénitien Romano Scarpa d’avoir les honneurs de cette collection. Dessinateur atypique parmi les grands créateurs, il est le seul à être célébré pour ses œuvres sur les univers de « Mickey » et « Donald » là où habituellement les auteurs ont choisi leur camp.

À la lecture de ces intégrales, je retrouve beaucoup de ses histoires qui m’avaient tant plu enfant dans les Mickey Parade ou Super Picsou Géant avec ses ambiances polar, ou ses histoires aux personnages excentriques, inhabituels dans l’univers Disney. Il est le créateur de personnages décalés comme Brigitte, la très entreprenante fiancée de Picsou, il remet le Fantôme Noir au goût du jour. Romano Scarpa est l’un des premiers auteurs européens à être publié aux États unis, grand raconteur d’histoires et artiste très productif. Son œuvre est assez conséquente, aussi ce troisième tome n’est que le début d’une longue série d’intégrales indispensables (comme les autres de cette série des Grands Maîtres de Disney).

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#BD
Les Cahiers Japonais T2-Le vagabond du manga de Igort, Futuropolis

Après avoir raconté son expérience de mangaka européen dans un premier volume, au travers de notes, dessins et souvenirs du temps où il travaillait directement pour les éditeurs de la Kodansha à Tokyo, Igort prolonge ses souvenirs avec un second volume plus introspectif et contemplatif. Le narrateur raconte le Japon de ses souvenirs, flâne dans ses quartiers préférés et mêle réflexions sur cette culture et initiations à la littérature et aux arts japonais pour le lecteur curieux.

Très érudit, ce carnet de voyage mental reste accessible par sa forme, son mélange d’anecdotes personnelles et culturelles entre passions et exploration, mais aussi par sa mise en page qui invite au feuilletage. Graphiquement très élaborés, les dessins de l’auteur italien épousent ceux de ses grands maîtres Shigeru Mizuki, Osamu Tezuka, Hokusai… et nous invitent à une balade visuelle dans l’imaginaire nippon. Le dessinateur évoque également ses rencontres avec son ami Jiro Taniguchi à qui il rend hommage, ses conversations avec Hayao Miyazaki ou ses rencontres marquantes.

Livre parfait pour les amoureux du Japon et de sa culture graphique, ce diptyque invite à la rêverie et à la réflexion en proposant des pistes de lecture, des œuvres à découvrir dans tous les domaines. Deux livres aux nombreuses portes d’entrée que l’on peut feuilleter à l’envie pour trouver de nouvelles inspirations et émotions.

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#Manga
L’Histoire des 3 Adolf & Ayako, d’Osamu Tezuka, Édition prestige, Delcourt/Tonkam

Impossible de ne pas en dire un mot sur la sortie en édition prestige de ces ouvrages indispensables du Dieu du manga Osamu Tezuka pour fêter ses 90 ans. Les éditions Delcourt entament une série de rééditions des titres du Maitre en attaquant par les plus plébiscités en France : Ayako (Lire l’incontournable) et L’Histoire des 3 Adolf (Lire l’incontournable). Suivrons La Vie de Bouddha, Barbara, MW dont la plupart étaient indisponibles depuis longtemps et on espère que son chef-d’œuvre Phénix (Lire l’incontournable) sera à nouveau édité aussi.

Avec la grande exposition qui lui était consacrée à Angoulême en janvier dernier (pour ceux qui auraient manqué cet événement, un très beau catalogue avec les visuels & textes de cette exposition est disponible sur le site du Festival : Osamu Tezuka – Manga no Kamisama de Stéphane Beaujean et Xavier Guilbert). En janvier également les éditions Pika avaient sorti en intégrale l’émouvante biographie de Tezuka par Toshio Ban : Osamu Tezuka, Une vie en mangaUne année Tezuka qui commence très bien.

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Et vous, quels sont vos coup de cœur de cet été ?
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Illustration principale : ©Igort/Futuropolis

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