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Incontournables
par Thomas Mourier - le 27/10/2017
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par Thomas Mourier - le 27/10/2017

Les Femmes du zodiaque de Miyako Maki

Je crois que je suis rentré dans cette œuvre par le dessin. Je connaissais très peu le travail de Miyako Maki avant cette publication. J’avais feuilleté des éditions en japonais ou vu des dessins et des planches sur le net (en particulier autour du travail avec Leiji Matsumoto, plus connu en France avec Albator) : il… Lire la Suite →

Je crois que je suis rentré dans cette œuvre par le dessin. Je connaissais très peu le travail de Miyako Maki avant cette publication. J’avais feuilleté des éditions en japonais ou vu des dessins et des planches sur le net (en particulier autour du travail avec Leiji Matsumoto, plus connu en France avec Albator) : il n’y avait pas d’édition française de ses œuvres avant Les Femmes du zodiaque. Pourtant Miyako Maki est l’une des auteures les plus emblématiques des années 60–70 au Japon et particulièrement autour du manga adulte.

Après une première partie de carrière dans le shojo, elle expérimente le gekiga et les mangas pour adultes et s’inspire de ses contemporains Osamu Tezuka et Kazuo Kamimura. L’influence de ce dernier est très forte dans ces portraits de femme fortes au milieu d’une société assez dure au milieu de la transition économique du Japon moderne. Les histoires courtes de ces deux recueils présentent des portraits de femmes étalées sur plusieurs époques, de l’après-guerre immédiat aux années soixante-dix avec à chaque fois un point de vue original. L’auteure utilise les signes du zodiaque comme fil rouge (une pratique assez populaire au Japon consiste à demander le signe astrologique ou le groupe sanguin d’une personne pour savoir si l’on est compatible) et enchaîne les destins d’héroïnes, spectatrices ou victimes avec une poésie et une cruauté toute maîtrisée.

« Je n’ai jamais été aussi heureux. Mais toi tu ne peux pas continuer à mener cette vie. » 

Je parlais de la force d’attraction du dessin qui m’a poussé à ouvrir ces albums tant les planches sont virtuoses. L’expertise de la dessinatrice, qui a déjà une carrière très riche derrière elle au moment de la publication de ces nouvelles, est à son apogée. Chaque case mériterait que l’on s’arrête pour sa composition, sa maîtrise des aplats de noirs dans un médium qui ne comprend que très peu la couleur, ou encore la finesse de ses personnages. Le découpage très onirique, proche de Kamimura crée des contrastes saisissants entre la dureté de certains chapitres et la beauté évoquée par cette mise en scène. Il manquerait presque un cahier graphique supplémentaire à la fin pour nous contenter. Ce serait du luxe, car je précise que l’édition est parfaite, le papier fait ressortir les noirs intenses de l’œuvre et la traduction est enchanteresse.

Encore une fois, un petit bijou méconnu mais terriblement indispensable. Un manga fort, avec des héroïnes comme on en voit pas assez dans la bande dessinée contemporaine.

Images extraites de l’album © Miyako Maki/Le Lezard Noir

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