On retrouve à nouveau toute l'élégance du dessin de Gaëlle Geniller (son précédent album était "Les fleurs de grand frère"). Et l'élégance peut être une force, surtout associée comme ici à de grandes qualités narratives. L'auteure réussit en effet à nous captiver - voire, nous capturer - émotionnellement sur plus de deux cent pages. On suit l'histoire de Rose, un jeune danseur, de ses débuts sur la scène du "Jardin", le cabaret de sa mère, Muguet, où vivent et travaillent d'autres fleurs. Il y a là les toujours attentionnées Marguerite, Hyacinthe, (dite "Hya-Hya"), Perce-Neige ou encore Violette, qui font de ce "jardin" un écrin de bienveillance dans lequel peut éclore le talent de Rose. Et les portes du jardin - qui plus est, un cabaret - ouvrent sur l'extérieur, un extérieur symbolisé par monsieur Aimé dont la part d'opacité ne résistera pas à la lumière de Rose. Je pense d'ailleurs que la "lumière" est présente tout au long de ce récit, tant grâce à la bienveillance et le naturel des protagonistes que par la fluidité du graphisme , la mise en couleurs (la flamboyance des camaïeux !), ou le découpage des planches - ouverture du gaufrier sur des demi-pages, voire, parfois des pages entières, éclatement de certaines cases, pour libérer l'expressivité (après tout, il est aussi question de danse). Il y a longtemps que je n'avais pas été autant ému par une bd et cet album est pour moi, une déflagration douce dans le ciel du 9ème art. Merci à Gaëlle Geniller, à son talent, à la beauté des sentiments qu'elle évoque, et merci à son éditeur d'avoir permis la réalisation d'une telle oeuvre, d'avoir ouvert les portes du jardin.
