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Avis des lecteurs de l'album:
5.0(6 avis)

Le duo de l'Atelier Sento Cécile Brun et Olivier Pichard nous livre ici un premier tome tout en douceur, mais absolument passionnant ! En immersion totale dans un Japon qui vit à deux vitesse simultanées, schizophrénie à l'équilibre entre une modernité galopante et un attachement profond aux traditions ancestrales, on ne suit pas Naoko, on EST Naoko. On s'interroge, réfléchit, progresse, flanche ou comprend avec elle. Grâce à une écriture douce et émouvante, un chapitrage qui aide à la respiration du récit, mais aussi à ce dessin délicatement tracé, ces couleurs aquarelles douces et chaleureuses, on suit ce récit intriguant et émouvant, on aborde de nombreux thèmes avec délicatesse : deuil, transmission, solitude, tradition, difficulté de trouver sa place quand elle a été choisie par d'autres sans qu'on y puisse rien. De s'attacher à un être auquel on ne doit pas... Qui doit comprendre qui ! Qui va sauver qui ?

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Oscillant entre tradition et modernité, la vie solitaire et tranquille de Naoko est perturbée lorsqu'elle reçoit sa nouvelle ombre, un mort qu'elle devra accompagner dans l'au-delà, comme le font tous les villageois depuis des générations. Le temps de la fête des ombres approche... Naoko est inquiète car sa précédente expérience ne s'est pas très bien passée, mais elle est déterminée cette fois à sauver l'ombre de ce jeune homme, et elle peut compter sur les autres villageois plus expérimentés, et le bonze du village. Dans ce lieu paisible entouré de montagnes, tout est propice au repos et à la méditation sur la vie, le temps qui passe et les liens qui unissent les humains. D'ailleurs, ce sont les saisons qui rythment l'histoire, de l'automne avec sa récolte des kakis en abondance, en passant par l'hiver, avec ses doutes (nature à l'arrêt, village isolé) mais aussi ses joies (batailles de boules de neige...). Je ne vais pas détailler l'histoire pour ne gâcher aucune surprise, mais c'est très beau et calme, agréable à suivre et plein de petits détails sur la vie au Japon loin des grandes villes. Ce n'est pas une BD d'action : si vous recherchez quelque chose de très palpitant, passez votre chemin. Sinon, foncez ! Les dessins sont propres et magnifiques, entièrement faits à la main et coloriés à l'aquarelle : ça change des BD faites à l'ordinateur, et ça fait du bien. Connaissant le travail passé de l'Atelier Sentô (Cécile Brun et Olivier Pichard, les auteurs), on n'est pas du tout surpris de retrouver cette technique chère à leur cœur, qu'ils maîtrisent à la perfection. On n'est pas surpris non plus que la vie dans ce village japonnais soit si détaillée, fourmille de petits détails et soit si bien référencée, et on retrouve tout ce qui caractérisait déjà leur passion pour ce pays lointain dans leur première BD, Onibi. En plus de la belle histoire contée par la Fête des Ombres avec ses magnifiques illustrations, les deux auteurs ont en quelque sorte atteint un objectif secret : repeindre la fresque murale d'un sentô, ces anciens bains japonais souvent délaissés. Ce petit évènement passe par l'ombre elle-même, qui est un peu ici leur reflet je crois, de leurs propres rêves, et qui réalise un magnifique paysage au pinceau à la grande surprise des villageois témoins de la scène. Entre rêve et réalité, la fête des ombres (tome 1) nous parle certes de la mort, mais c'est d'abord une ode à la vie. J'attends avec impatience le tome 2 pour découvrir la conclusion de cette œuvre dans un style assez unique, et pour en savoir plus sur le lien qui s'est créé entre Naoko et son ombre. La fin de ce tome 1 promet un beau retournement de situation ! A venir en fin d'année ! Mention spéciale pour la qualité d'impression, qui préserve les couleurs des aquarelles d'origine : beau travail de la petite maison d'édition française, Issekinicho ! Un achat que je ne regrette absolument pas et qui se hisse dans le top de mes BD préférées.

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Profil de Denys
05 févr. 2024
9791095397120