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Avis des lecteurs de la série

Je ne suis pas grand consommateur de comics, encore moins spécialiste. Même si je ne peux trahir les bons vieux souvenirs épars des Strange, Nova ou Titan de ma prime adolescence, mes seules autres piètres références se noient dans un salmigondis de productions cinématographiques nées de la fièvre d’adaptation qui s’est emparée des studios depuis une petite dizaine d’années. Ces distractions souvent académiques, déballant avec diverse inspiration leur dose spectaculaire syndicale et leurs codes moralisateurs à la psychologie sirupeuse ou carrément au ras de la moquette, ne m’ont jamais mis en appétit pour rouvrir un Marvel, un DC ou autre. Mais là, la curiosité titillée, affriolée des sympathiques avis de l’étage du dessous, j’ai retrouvé assez d’enthousiasme pour risquer le bout de mon nez dans ce fameux Kick-Ass. Et je me suis fait botter les fesses ! Dès la planche d’ouverture, j’ai dégringolé dans ses filets. Attrapé par la trame narrative accrocheuse, énergique, et sous l’efficacité redoutable d’une voix off à la première personne qui m’a scotché en moins de deux à la psyché de son héros. Chahuté par un dessin dynamique et bariolé (pas avare en globules rouges) convoquant des bouilles engageantes aux émotions justes et sobres. Terrassé par un scénario immersif, inattendu, qui dégomme les stéréotypes et se vautre avec jubilation dans une outrance dopée au cabotinage d’acteurs borderline. Comment ont-ils pu oser mettre en scène Hit-Girl ? Cette gamine se transformant sans le moindre état d’âme en une « trancheuse à jambons » dont la propension joviale et inventive à faire dans le massacre ou la réduction des corps traduit un degré de violence, de trouble d’autant plus pervers et jouissif qu’il s’accomplit sous le regard approbateur de Big-Daddy, son acolyte, et accessoirement son papa. Ou encore se hasarder, dans une délectation à peine dissimulée, à faire systématiquement déchirer la tronche de leur personnage principal ? Un adolescent en manque de reconnaissance et enfiévré de lectures, qui n’a pas d’idée plus saugrenue que de mimer ses modèles de papier : ça doit être cool de faire le super héros ! Bâti comme un glaviot, sans aucun pouvoir ni la moindre once de culture martiale, dérisoirement séparé de la réalité par les quelques misérables millimètres d’un néoprène moule-ce-qu’il-peut d’occasion, il lui faudra une dose de courage et d’abnégation (de connerie aussi forcément) inaccessible au commun des mortels pour oser franchir le pas et défier toute une faune de zonards et autres truands excellant dans l’art douloureux du comment bien vous endormir. Mais, bonjour monde réel ! Ici, rien n’a changé. Les beignes font toujours gonfler le visage et les coups de lame pisser l’hémoglobine. N’est pas surhomme qui veut ! La fragilité, l’inconscience et l’incompétence se dévoilent d’autant plus « frappantes » que notre héros, néo-pugilomètre certifié, accumule séjours à l’hosto et passages à l’infirmerie. Et contre toute attente, parmi d’irrésistibles envies de rire vachardes, on se découvre un vrai attachement pour cet imbécile heureux, un embryon de respect devant son obsession futile, voire une lueur d’espoir quand elle se verra enfin couronnée. À force de jouer le jeu, on se surprend à y croire. Et, l’espace d’un instant, on se fantasmerait presque en Don Quichotte de quartier : ah ! Oser remettre les poings sur les i (et pourquoi pas les yeux) de cet âne qui s’obstine à gaver ma boite aux lettres déjà dégobillant de pubs ou cicatriser à coups de 42 le sphincter du caniche de (ce con !... Non, il est vraiment trop balèze…), de mon inconvenant voisin, qui expulse depuis trop longtemps ses matinaux et gluants colis devant l’entrée de l’immeuble. Mais je m’égare… Tous ces personnages, je les ai kiffés à mort ! Ça me démange d’en connaître tellement plus sur eux. Et d’espérer pour le futur des supers méchants impitoyables ou peau de banane, à la mesure de nos nouveaux héros. En attendant, Millar et Romita ont déjà mis dans le mille. Leur mise en abîme parodique est respectueuse et s’éclaire d’une incorrection de bon goût. Que ce soit dans les escapades justicières ou l’évocation du quotidien pubère, éraflant gentiment au passage le côté geek des ados, elle se teinte d’une analyse assez subtile des notions d’identification, de justice ou de rapport à la violence. Elle atteindra à coup sûr sa cible boutonneuse tant elle parle si bien son langage, mais ne manquera pas non plus d’entraîner dans son sillage les amateurs de divertissement joliment troussé comme moi, les régalant d’une récréation rythmée, choquante et jubilatoire dont on ressent la motivation première : le plaisir du lecteur.

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Vous prennez tous ce que vous savez sur les super heros. Et vous oubliez tous. C'est un ovni. C'est crue. Réaliste. Une version non édulcoré de ce que serais des héros a notre époque et sans pouvoir. C'est du bendis. C'est du très bon. Tous les fans se doivent de l'avoir lu

👍

Je n'ai lu que le 1er tome, mais l'histoire est bonne.

👍