Dessins somptueux, découpages harmonieux et dialogues ciselés, Jérôme Félix et Paul Gastine nous plongent dans un western réaliste où l’âme des personnages importe plus que l’avalanche de cascades à grand spectacle que le genre sait produire. Car c’est aux Hommes que Félix s’attache, par delà le bien et le mal, dans la noirceur de leur âmes, il sait nous les rendre attachants, humains, terriblement humains. Dès l’entame, l’intensité dramatique est à son comble et ne nous quitte plus « jusqu’au dernier » mot qui arrive bien trop tôt tant l’histoire aurait mérité d’être développée. C’est le retour à la réalité crue d’une époque, que chacun aura fort de mettre en perspective avec la nôtre, où la loi du nombre n’est pas toujours celle du plus juste, où chacun fait face à ses démons, ses failles et ses hauts faits. Et si quelques bonnes âmes, telle une Miss Collin « sacrificielle », apportent la lumière dans une réalité bien plus noire, elles nous montrent surtout le chemin qu’il reste à parcourir, inlassablement, contre la part sombre qui sommeille en chacun de nous. La fin, abrupte, qui perturbera celles et ceux qui rêvaient de super-héros victorieux seuls contre tous, ouvre sur un épilogue qui, malgré ce qui précède, délivre une touche d’espoir ! On reconnaît la patte d’un Félix, auteur par ailleurs du très beau conte « Un pas vers les étoiles » avec la part belle donnée à l’enfance malmenée.
