Après mes lectures précédentes "En attendant l'apocalypse" et "Dope Rider pour une poignée de délires", il n'était pas question que je passe à côté de cette BD. Maintenant que j'ai découvert cet auteur, c'est avec enthousiasme que j'ouvre ce nouvel ouvrage. C'est après avoir volé un canard en bois nommé Bosch que Jheronimus meurt bêtement lors de sa fuite et se retrouve directement en Enfer. Bienvenue sur les terres enflammées de Satan où les démons organisent des jeux forcés avec les damnés et cherchent toujours un moyen d'abuser un peu plus de leurs pensionnaires. Vous l'aurez compris, c'est avec un humour décalé et absurde que nous suivons le tourment éternel infligé à Jheronimus et Bosch. Les histoires sont courtes à l'instar de Dope Rider, nous sommes par contre loin des délires psychédéliques à base de substances. Ici nous avons plutôt de la souffrance physique et psychologique mais avec beaucoup de second degré. Par ce trait arrondi, une mise en page léchée et des couleurs simples mais d'une efficacité redoutable, nous sommes témoins de l'inventivité et de la créativité sans limite de Paul Kirchner. Chaque illustration marque une dérision, un rire jaune, un grincement de dents, un sourire franc, une chute humoristique, une gestion des codes de la BD en s'en servant souvent à contre pied pour justifier un gag visuel... Bref. Une leçon dans l'art de la mise en page. Quand l'impression première est d'une simplicité absolue, c'est que la maîtrise nécessaire pour un tel rendu est assez folle. Mention spéciale pour l'édition avec des pages épaisses d'une qualité type grimoire et une reliure en cuir de toute beauté. J'en conviens que l'humour, tout comme Dope Rider, ne conviendra pas à tout le monde. Ici, il n'y pas de sens caché ou de visuel psychédélique à déchiffrer ; les gags sont francs et directs. L'aspect religieux en dérision pourra aussi rebuter certains. Comme le plupart du temps avec l'humour, tout est subjectif et chacun y sera sensible différemment. Personnellement ça fonctionne et quand l'impact est moins fort, je reste quand même subjugué par le travail effectué. C'est un sans faute pour moi et il s'ajoute avec plaisir dans ma bibliothèque à côté des autres tomes de cet illustrateur de génie.
