Dans un futur très lointain, sur des planètes à des années lumières… On suit simultanément les parcours de deux êtres que tout oppose : d’une part Vess, une futur nonne qui rejoint le culte de la Renonciation pour qui toute ambition matérielle est à proscrire, et de l’autre Grix et son équipage, livreurs inter-stellaires pour la méga-corporation Lux, sorte de space-Amazon du futur.
Tout les oppose donc, et pourtant leur route va se croiser, faisant exploser les mensonges et les faux-semblants ce qui pourrait bien ébranler les fondements même de l’ordre dans le cosmos…
Un univers coloré, un ton politique, une aventure palpitante
La qualité la plus remarquable d’Invisible Kingdom est sans conteste sa patte graphique. Christian Ward déploie des trésors d’imagination dans la coloration de ses planches pour surprendre le lecteur à chaque instant. Plutôt que de chercher des architectures et des formes alambiquées pour ses vaisseaux, bâtiments et personnages, il préfère rester dans du « classique » et s’amuser avec les couleurs tantôt pastels, tantôt criardes, toujours inattendues. Il en résulte un univers très lumineux tout en néons, aveuglant dans le bon sens du terme.
Le thème politique est également un très gros point fort du titre. La critique de l’impérialisme de Lux, méga-corporation qui rappelle très franchement Amazon, est plus que jamais d’actualité, et la dénonciation des accointances entre cette entreprises et les institutions politiques et religieuse résonne tout particulièrement avec notre actualité.
L’action enfin est rythmée par des séquences de courses poursuite haletantes, qui alternent avec les moments plus tranquilles dans le monastère où on suit Vess enquêter et découvrir indice après indice la terrible vérité. On croise successivement des tonnes de planètes, de races et de pratiques qui laissent entrevoir un univers immense et construit qu’il nous tarde de découvrir.
De puissantes inspirations des Gardiens de la Galaxie émanent de l’album, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Une équipe hétéroclite de bras voyageant dans l’espace à bord d’un vaisseau en fin de vie, luttant contre des organisations beaucoup plus puissantes et dangereuses pour faire triompher la justice… Mais le titre ne sombre jamais dans l’écueil due la pure copie et propose un vrai fond original doublé, on le répète, d’une esthétique exceptionnelle. À bien des égards donc, ce premier tome mérite votre attention.
Invisible Kingdom T1 Le Sentier par G. Willow Wilson & Christian Ward, Hicomics
Illustration principale & planches : © Invisible Kingdom T1 Le Sentier par G. Willow Wilson & Christian Ward, Hicomics
