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Critiques
par Thomas Mourier - le 24/04/2019
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par Thomas Mourier - le 24/04/2019

Éveil de Taiyou Matsumoto

L’œuvre de Taiyou Matsumoto (Lire l’incontournable) ne ressemble à aucune autre. À chaque nouvelle série, il arrive à surprendre et dérouter son lecteur tout en restant dans une veine qu’il creuse au fil des années. Mangaka à l’honneur lors du dernier festival de la BD d’Angoulême, son travail fait l’objet de plusieurs belles rééditions ces… Lire la Suite →

L’œuvre de Taiyou Matsumoto (Lire l’incontournable) ne ressemble à aucune autre. À chaque nouvelle série, il arrive à surprendre et dérouter son lecteur tout en restant dans une veine qu’il creuse au fil des années. Mangaka à l’honneur lors du dernier festival de la BD d’Angoulême, son travail fait l’objet de plusieurs belles rééditions ces derniers mois : Amer Beton & Ping Pong chez Delcourt/Tonkam, Number 5 chez Kana. Mais aussi publications en français de ses œuvres encore inédites : Zero (Lire le coup de cœur) chez Pika, Le Rêve de mon père & Éveil chez Kana sans compter sa dernière nouveauté Les Chats du Louvre chez Futuropolis. Un planning bien chargé qui permet de découvrir ou redécouvrir son œuvre ainsi que quelques pépites inconnues en France comme cet album.

Publié en grand format cartonné, sens de lecture français, avec jaquette inédite et des planches redessinées, Kana a mis en valeur ce conte fantastique très visuel qui a une place à part dans la bibliographie du mangaka. Destinée à être un support pour une pièce de théâtre, Matsumoto l’a remanié pour en faire un récit original, un travail de départ différent de ses mangas qui va donner un rythme et un ton différent, plus évanescent et distancié qu’à l’accoutumée, mais qui rentre en harmonie avec l’histoire.

Dans un futur possible, un monde qui se reconstruit après une catastrophe, un peuple animiste s’organise autour de fêtes rituelles pour obtenir la bénédiction des esprits. Deux clans, les danseurs et les sculpteurs, divisent cette société revenue aux temps premiers, où le chamanisme a repris une place primordiale. Deux frères sont en concurrence pour la passation de pouvoir, symbolisant la lutte entre danseurs et sculpteurs, art et artisanat, interprétation et création.

Très graphique et moins bavard que dans ses autres séries, ce court récit fait la part belle au dessin. Il ajoute beaucoup de détails, de hachures et soigne ses décors avec un travail sur la lumière et des noirs plus denses qu’à l’accoutumée. On peut y voir aussi un hommage à l’un de ses grands maîtres Moebius (déjà présent dans Number 5) à travers ses variations de style et ses compositions mystiques et symboliques qui traversent l’œuvre.

L’album entier est une balade visuelle dans ces traditions et rites imaginaires, le plaisir du livre est dans la lecture et relecture des images. Si la transmission et la difficulté de la passation des savoirs sont au cœur de cette histoire ancrée dans une culture de l’oralité, tout le récit est une invitation à la contemplation. Un conte cyclique qui propose au lecteur de se laisser porter par ce rêve éveillé.

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Images extraites de l’album © Taiyou Matsumoto / Kana

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