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Incontournables
par Thomas Mourier - le 17/08/2016
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par Thomas Mourier - le 17/08/2016

Combats de Daniel Goossens

Ah, j’ai enfin répondu à LA question fatidique, la question qui illustre le mieux ce mal du siècle où la Culture est devenue consommation : si vous ne pouviez emporter qu’un livre sur une île déserte ce serait quoi ? J’ai mis des années avant de choisir mais j’ai fait le bon choix je crois : les œuvres… Lire la Suite →

Ah, j’ai enfin répondu à LA question fatidique, la question qui illustre le mieux ce mal du siècle où la Culture est devenue consommation : si vous ne pouviez emporter qu’un livre sur une île déserte ce serait quoi ? J’ai mis des années avant de choisir mais j’ai fait le bon choix je crois : les œuvres semi-complètes de Daniel Goossens.

Champion toutes catégories de l’humour absurde et grand défenseur du non-sens, ses histoires courtes ont toujours été (et sont toujours !) mes préférées dans les pages de Fluide Glacial. À l’époque où je découvrais le mensuel, on pouvait lire des morceaux de la série Georges et Louis romanciers et tout me paraissait fantastique dans ces planches. Un humour pince sans rire, ultra-référencé où l’absurde est abordé comme un sujet sérieux. Des planches que l’on peut lire et relire en trouvant sans cesse de nouvelles sources de sourires et d’émerveillement.

À chaque fois que j’ouvre un album de l’auteur de L’Encyclopédie des bébés j’ai l’impression de retrouver ce vieux pote qui blague sans en avoir l’air, celui dont on ne peut s’empêcher de lui donner un coup de coude en murmurant des « Ah ah t’es con ». Héritier des Monty Pythons, de Pierre Desproges ou de Gary Larson, il est l’auteur dont j’attends les nouveautés avec le plus d’impatience, celui dont j’adore tenter de convaincre mes amis que c’est un génie –preuves à l’appui. Mais l’univers de Daniel Goossens demande de faire un effort, d’apprivoiser ce ton unique en bande dessinée : voilà l’ombre qui plane sur ces albums qui découragent nombre de lecteurs qui ne sont pas familiers de l’univers du dessinateur de La Vie d’Einstein. L’univers de Daniel Goossens demande de faire un effort, d’apprivoiser ce ton unique en bande dessinée.

« -Tu vas avoir un cerveau tout neuf ! Alors tu sais quoi, le vieux si tu veux le garder ils te le donnent.
– Tu pourras le mettre sur ta cheminée. Ahahah ! Ça te fera un souvenir. »

Les albums de Daniel Goossens se résument difficilement. Impossible de dire en quelques phrases les trésors et les subtilités que contiennent les histoires qui composent ses recueils. On y rencontre régulièrement Jésus, le Père Noël, Einstein, Georges, Louis, des brochettes de spécialistes, des bébés maîtres du monde, des acteurs de l’âge d’or d’Hollywood, … On y trouve des conseils en peinture, en tricot, d’écriture de testaments –anciens ou nouveaux- de dessins de plis, de séduction de femmes sauvages, ou de conquête du monde pour mollusques rebelles, …

Le dessin et le découpage se veulent toujours innovants, le trait se réinvente sans cesse au service de ces scénarios loufoques et ces dialogues incroyables de justesse. Je vous jure qu’on peut passer des heures sur la même case ! Grand créateur d’onomatopées franchouillardes et de fausses parodies mettant en scène les grands héros de la bande dessinée ; l’homme a été sacré Grand prix de la ville d’Angoulême en 1997 et compte parmi les grands maîtres secrets de la bande dessinée contemporaine.

« Ça suffit Raymond. T’as assez lu comme ça. Rentre chez toi. »

Images extraites de l’album © Daniel Goossens/Fluide Glacial

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