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Critiques
par Thomas Mourier - le 13/09/2018
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par Thomas Mourier - le 13/09/2018

Ce qu’il ne fallait pas manquer avant l’été – juillet août 2018

L’été étant avare en sorties mais avec quelques pépites sorties fin août, nous en avons profité pour faire une petite séance de rattrapage parmi les titres parus en début d’année qui nous avaient échappé en plus des grosses sorties qui ont précédé septembre. Et on aurait été tristes de passer à côté… Au sommaire 📰… Lire la Suite →

L’été étant avare en sorties mais avec quelques pépites sorties fin août, nous en avons profité pour faire une petite séance de rattrapage parmi les titres parus en début d’année qui nous avaient échappé en plus des grosses sorties qui ont précédé septembre. Et on aurait été tristes de passer à côté…

Au sommaire 📰

#BD Charlotte impératrice T1 de Matthieu Bonhomme & Fabien Nury, Dargaud
#Comics Moi ce que j’aime c’est les monstres T1 d’Emil Ferris chez Monsieur Toussaint L’ouverture
#BD Les Cavaliers de l’apocadispe T1 de Libon, Dupuis
#Manga Mujirushi ou le signe des rêves T1, Naoki Urasawa, Futuropolis

Côté rattrapage :

#Manga 25 histoires d’un monde en 4 dimensions de Leiji Matsumoto, Kana
#BD Aile froide, altitude 3954 de Jean-Marc Rochette & Olivier Bocquet, Casterman
#Comics Nous sommes Ant-Man et la Guêpe, collectif, Panini comics
#Manga Souvenir d’Emanon de Shinji Kajio & Kenji Tsuruta, Ki-oon
#BD Il faut flinguer Ramirez T1 de Nicolas Petrimaux, Glénat
#Manga The Promised Neverland T1 de Kaiu Shirai & Posuka Demizu, Kazé

Ce sont bien sûr des suggestions, n’hésitez pas à compléter ces propositions en commentaire avec d’autres albums que vous avez lus et aimés ce mois-ci.

#BD
Charlotte impératrice T1 de Matthieu Bonhomme & Fabien Nury, Dargaud

Si vous êtes fan comme moi du trait et des univers de Matthieu Bonhomme, bonne nouvelle, le dessinateur multiplie les heureuses collaborations. Après un album solo sur L’Homme qui tua Lucky Luke, il publie avec Fabien Nury une fiction inspirée de la vie de Charlotte de Belgique, Charlotte Impératrice une princesse qui fut au centre de plusieurs grands complots du début du XXe siècle.

Le scénariste d’Il était une fois en France et de La Mort de Staline est un habitué des intrigues sombres qui se coulent dans les grandes lignes de l’Histoire, et cette nouvelle série démarre sous les meilleurs auspices. Les auteurs dévoilent les premières années du destin improbable de celle qui sera impératrice du Mexique avec toute la grâce du trait de Matthieu Bonhomme. Un dessin plutôt classique au premier abord qui dévoile des trésors de minutie et de trouvailles graphiques. Le dessinateur du Marquis d’Anaon (Lire l’incontournable) nous surprend par son utilisation forte de la couleur comme élément de narration ou des cadrages audacieux qui donnent au livre une identité forte avant même d’avoir commencé la lecture.

De très belles planches pleines de tensions et d’humour à travers les dialogues piquants qui jalonnent les situations dramatiques (Sisi impératrice en mode racaille des beaux quartiers est assez génial.) Comme souvent, ces personnages puissants sont des marionnettes dans les mains de personnes qui le sont encore plus. Charlotte et Ferdinand-Maximilien vont en faire les frais malgré leurs prétentions royales et intellectuelles. La bonne idée est bien sûr d’avoir pris le parti de raconter cette période historique du point de vue de la jeune femme avec tout ce que cela implique et d’en avoir fait un personnage fort à travers ses faiblesses et sa détermination. On espère que les auteurs mettront autant de passion dans la suite, l’attente vaut le coup.

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#Comics
Moi ce que j’aime c’est les monstres T1 d’Emil Ferris, Monsieur Toussaint L’ouverture

Le livre le plus attendu de l’année, Moi, ce que j’aime, c’est les monstres est arrivé au cœur de l’été sous une pluie d’articles et d’éloges très mérités et il y a peu de chances que vous n’ayez pas croisé cette couverture bleue électrique. Pas moins de 9 prix importants aux USA dont 3 Eisners (meilleur album, meilleure auteure, meilleure colorisation), on imagine qu’il figurera en bonne place dans la sélection angoumoisine et en tête des albums qui peuvent recevoir le Fauve d’Or (voir le Fauve d’Or 2018). Événement double en France, car ce chef-d’œuvre est le premier livre de l’Américaine Emil Ferris et il est publié par un éditeur qui se lance dans la bande dessinée après avoir sorti quelques pépites dans le domaine de la littérature étrangère, Monsieur Toussaint.

L’ouverture soigne ses livres et cette très belle édition met en valeur le travail de la dessinatrice qui utilise stylos billes, crayons, feutres sur des pages de cahiers spiralés au lignes tracées. L’artifice du journal intime reproduit permet à l’auteur de laisser parler Karen, la narratrice, à la première personne et de présenter ce travail comme le carnet d’une jeune fille de dix ans passionnée de récits d’épouvantes vivant à Chigago dans les années 60. Un jeu du vrai et du faux qui se prolonge dans la fiction à travers cette enquête à plusieurs niveaux à la poursuite de l’assassin de la voisine du dessus. Roman d’apprentissage, carnet dessiné & annoté parle des vrais monstres : les humains, derrière les masques de loups-garous, fantômes et autres goules.

Mais les monstres ne sont pas dangereux même s’ils sont effrayants, ce sont ces villageois armés de torches qui ont peur qui sont le vrai danger : de l’avènement du 3e Reich et les camps à l’assassinat de Martin Luther King, du racisme banalisé à la violence ordinaire, le quotidien de cette jeune fille résonne autour de ces problématiques contemporaines et sociétales autant que sa propre exploration de soi, de la sexualité, de l’amitié, de l’art… Un roman monde sur plus de 400 pages, touchant et sincère doublé d’un travail graphique rare et qui ne laisse pas indifférent. Un roman graphique comme on aimerait en lire plus souvent, premier volume d’un diptyque dont le second volet est prévu pour la fin d’année 2019 en VO. Difficile d’attendre si longtemps, heureusement qu’on peut relire ce premier tome et toujours y trouver quelque chose de nouveau.

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#BD
Les Cavaliers de l’apocadispe T1 de Libon, Dupuis

Les Cavaliers de l’apocadispe T1 de Libon, Dupuis

Attention, génie de la connerie en approche. Avec ce premier album (d’une longe série on espère, car l’auteur a dessiné plusieurs dizaines de gag dans le Journal de Spirou), Libon met en scène un gang de gamins déjantés plus proches de South Park que des enquêtes du Club des cinq. Des Cavaliers de l’apocalypse modernes sans plans démoniaque, qui détruisent tout sur leur passage simplement parce qu’ils ne se soucient pas des conséquences de leurs actes. Car ces enfants ne sont ni trash, ni irrévérencieux, ils cherchent juste à occuper leurs journées, à laisser libre court à leur imagination et leurs activités peuvent nous rappeler de nombreux souvenir de jeunesse – enfin presque.

Humour noir et absurde, comique de situation et de répétition, il serait vain de lister le feu d’artifice de drôlerie qui parcours Les Cavaliers de l’apocadispe autour de situations apriori banales qui partent en vrille avec nos trois compères. On explose de rire ou on ricane bêtement à chaque page tellement c’est couillon et bien mené.
Libon a un style vraiment à lui, un univers décapant aux traits simples et très élaborés. Des personnages aux traits exagérés, anatomiquement pas viables qui donnent des créatures aussi improbables qu’attachantes. Une touche surréaliste entre cartoon et caricature où un détail bien trouvé campe à lui seul un personnage.

Le dessinateur d’Animal Lecteur (Lire le coup de cœur) ne se donne pas de limites dans cette saga loufoque et s’amuse de tout depuis presque 10 ans dans les pages du Journal de Spirou. Cette compilation met en valeur son travail et permet de redécouvrir ce générateur de rires idiots.

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#Manga
Mujirushi ou le signe des rêves T1, Naoki Urasawa, Futuropolis

Mujirushi ou le signe des rêves T1, Naoki Urasawa, Futuropolis

Première partie (la seconde arrive en octobre) d’une histoire créée dans le cadre de la collection Futuropolis-Louvre qui invite des auteurs à s’approprier les lieux et les œuvres pour leurs fictions. Déjà 16 auteurs se sont prêtés au jeu et l’auteur de 20th Century Boys s’empare de l’exercice pour le raccrocher à ses préoccupations du moment.

Depuis quelques années Naoki Urasawa, l’un des auteurs les plus populaires du Japon et dans le monde, s’intéresse de près au processus de la création. Depuis sa mini-série Pluto (Lire l’incontournable), réécriture d’une histoire d’Astro Boy du maître Osamu Tezuka (Lire l’incontournable) entre 2003 et 2009, à Billy Bat sa dernière grande série en date qui s’interroge sur l’Idée, le plagia et la place des auteurs à travers le destin d’un dessinateur de comics en quête des origines mystérieuses de son propre personnage.

Depuis 2014, il réalise une série de reportages sur ces confrères, Manben où il filme et interview des mangakas à travers tout le Japon. Pour Mujirushi ou le signe des rêves, il renouvelle cette approche en s’appropriant non seulement un personnage de la culture populaire japonaise : Iyami de Fujio Akatsuka, mais également en axant son histoire autour de plagiaires de tableaux issus du Musée du Louvre. Un personnage d’escroc qui jure connaitre la France sur le bout des doigts sans jamais y avoir mis les pieds, un beau-parleur dont le discours est plein de tics de langage, d’expressions françaises et de connaissances approximatives sur ce pays qui le fascine. Un héros parfait pour cette intrigue censée se dérouler au Louvre et qui se passe au Japon, un personnage de cartoon que Naoki Urasawa va noircir pour en faire l’exécuteur d’une machination internationale. Si le mystère, la conspiration, les non-dits et fausses pistes sont légions comme dans tous ses ouvrages ; grâce à ce personnage de cartoon (ou avec le jeu des masques d’un certain président) l’humour est omniprésent dans ce livre. Que l’on se rassure, la pâte du maitre est là : l’intrigue est alambiquée à souhait, les allers-retours temporels nombreux et personne n’est ce qu’il semble être.

S’il excelle dans l’art de mettre en scène les émotions et les tourments des héros à travers leurs expressions, ce nouveau volume est graphiquement intéressant dans le parcours de l’auteur : l’album éclipse une grande partie les décors pour faire la lumière sur ses personnages (assez troublant pour un album sur le Louvre & ses œuvres.) Difficile de juger l’œuvre totale à la moitié du récit, mais ce premier tome nous offre de belles promesses.

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#Manga
25 histoires d’un monde en 4 dimensions de Leiji Matsumoto, Kana

Nouvelle compilation des nouvelles et courts récits de science-fiction de Leiji Matsumoto dans une veine proche des classiques d’Osamu Tezuka ou Shôtarô Ishinomori. Comme ses prédécesseurs, le créateur de ce qui sera son chef-d’œuvre Albator, se fait la main sur de courtes histoires SF ou fantastiques qui tendent plus du côté de la poésie & la philo que de la prospective & de la science. Apocalypses, futurs lointains ou planètes inconnues… le genre permet surtout à l’auteur d’écrire ses variations sur l’amour et l’amitié, seules choses qui semblent vraiment traverser l’espace et le temps.

25 histoires d’un monde en 4 dimensions, 25 histoires écrites à la fin des années 60, début 70 où le mangaka change de style, de techniques narratives, propose plusieurs versions d’une même histoire et se réinvente. Très recherchées, érudites ou introspectives, ces courtes fictions se concentrent sur des héros solitaires rejetés ou incompris où la figure de l’artiste (et du mangaka) a une grande importance. Mise en abîme à l’heure où l’auteur réoriente sa carrière vers des récits adultes après avoir essentiellement œuvré dans le domaine du shojo, ces mini-fictions lui permettent de créer un pont entre les genres.

Pour les fans d’Albator et Galaxy Espress 999, l’ambiance et le ton de ces nouvelles peuvent dérouter, mais on trouve ici la matrice de ces œuvres qui sont encore à venir à cette époque. Dessin très stylisé, découpage innovant et expérimentations graphiques, ces histoires lui permettent d’affiner ce style proche des canons de l’époque, mais avec une touche qui lui est propre. Un livre qui ouvre des pistes de réflexion et incite à la rêverie.

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#BD
Ailefroide, altitude 3954 de Jean-Marc Rochette et Olivier Bocquet, Casterman

N’étant pas adepte de la grimpe j’ai mis du temps à me pencher sur cet album somptueux mêlant les souvenirs de jeunesse du dessinateur Jean-Marc Rochette : sa passion naissante pour l’alpinisme et pour l’art. Magistrale erreur, car ce livre est l’un des plus forts de ce début d’année, un époustouflant récit initiatique inspiré de la jeunesse de l’auteur qui résonne encore longtemps une fois la lecture terminée. Avec son approche très picturale du dessin et son travail intense sur le noir, les décors paraissent habités. Chaque lieu avec sa personnalité propre. Jeux de lumières et de hachures qui alternent entre le fourmillement de détails et leur absence pour laisser place aux personnages ou à l’émotion.

Majestueuse & mortelle, accueillante & terrifiante, la Montagne est dépeinte dans ce livre comme dans les tableaux de Chaïm Soutine qui fascinent tant le narrateur. La beauté et la tragédie accompagnent en permanence les jeunes grimpeurs qui enchaînent les voies et les ascensions pour étoffer leurs CV de montagnards et espérer un jour passer guide ou inscrire des records dans les mémoires. Une passion qui naîtra d’une rencontre avec la beauté des sommets autant que les sollicitations d’un ami qui l’initiera à la roche. L’adolescent, futur auteur du Transperceneige, dessine déjà et propose des histoires en bande dessinée, mais reste concentré sur l’escalade malgré les réticences familiales ou les drames qui touchent les apprentis alpinistes autour de lui. La BD vécue comme salut car la montagne ne s’apprivoise pas et la chute n’est jamais loin.

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#Comics
Nous sommes Ant-Man et la Guêpe, collectif, Panini comics

C’est la tradition depuis plusieurs années, à chaque sortie de film de l’univers Marvel au cinéma, les éditions Panini comics publient leur anthologie « clef en main » pour avoir les bases et comprendre les subtilités du film. Réédition de Je suis Ant-Man avec une nouvelle couverture et ajouts, ce recueil offre plusieurs histoires qui ont marqué le personnages ou l’univers des héros Marvel. De la création des personnages à leurs incarnations actuelles, chaque extrait s’ouvre avec une introduction et plusieurs textes donnent des indications sur les créateurs et les moments clefs de la mythologie des protagonistes. Un condensé de presque 60 ans d’aventures pour ces deux Avengers qui comptent parmi ceux qui ont le plus changé avec leur époque.

Avec les légendes aux pinceaux comme Jack Kirby, John Buscema, Georges Pérez, ou John Byrne les différents porteurs du costume d’Ant-Man et la Guêpe ont vécu des aventures singulières et étonnantes. De sa lutte contre les communistes à ses débuts, Hank Pym, génial inventeur et premier Ant-Man est aussi celui qui invente Ultron, l’un des pires ennemis des Avengers. Il passera par des phases terribles de dépressions et change plusieurs fois d’identité. Janet van Dyne sera la première héroïne victime de violence conjugale, un thème fort qui restera ancré dans la mémoire des lecteurs de l’époque. Malgré une période contemporaine un peu moins captivante tant graphiquement que dans les histoires proposées, le destin des différents Ant-Man et de la Guêpe restent ancrés et parlent de leur époque, bien plus que d’autres héros.

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#Manga
Souvenir d’Emanon de Shinji Kajio et Kenji Tsuruta, Ki-oon

Souvenir d’Emanon & L’Île errante (2 vol.), la collection Latitude de Ki-oon s’enrichit de deux nouvelles séries entre science-fiction et fantastique du mangaka Kenji Surata. Avec des univers graphiques comparables à ceux des Studios Ghibli tant par la pâte légèrement surannée & nostalgique d’un temps qui n’a jamais existé que le merveilleux qui s’incruste dans le quotidien. Une identité visuelle très forte pour cet artiste qui prolonge ses séries avec de grands artbooks, identifiables assez rapidement par ses héroïnes qui posent façon pin-up ou fan-service, tout en conservant le rôle principal.

Adaptation d’un roman de SF contemporain de Shinji Kajio, Souvenir d’Emanon propose une réflexion sur le cycle du temps centrée sur cette ado énigmatique qui raconte avoir des souvenirs depuis la nuit des temps. À travers cette rencontre amoureuse, les auteurs posent la question de l’ouverture à l’incroyable.

L’Île errante lorgne du côté du fantastique dans une ambiance aux accents de Porco Rosso avec une thématique qui n’aurait pas détonné dans un roman de Jules Verne. À la poursuite d’un mythe, Mikura, l’héroïne nous entraîne dans une quête éthérée, hors du temps, un sympathique prétexte pour parcourir les planches de cette fable poétique et contemplative.

Très riche dans sa mise en scène et son découpage, le style de Kenji Surata surprend par sa simplicité travaillée. Son trait va à l’essentiel en rendant les mouvements et les émotions avec beaucoup de justesse. Et si la mise en couleur qui accompagne les premières planches nous plonge immédiatement dans son univers tout le travail des pleines pages, des cadrages nous gardent captifs jusqu’au bout. Si L’Île errante impressionne plus par son univers riche et propice à la rêverie, je vous conseille d’attaquer par le one-shot Souvenir d’Emanon au scénario plus étoffé avant d’explorer le reste de ses univers.

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#BD
Il faut flinguer Ramirez T1 de Nicolas Petrimaux, Glénat

Succès du début d’année sur les réseaux sociaux, fan-art, déguisements, coups de cœur spontanés, ce polar décalé était partout avant l’été. Très réussi visuellement avec ses chapitrages graphiques, fausses publicités, questionnaires et logos inventés : l’ambiance et l’univers installés par Nicolas Petrimaux offrent au lecteur un vrai dépaysement.

Côté scénario, Il faut flinguer Ramirez lorgne du côté des longs-métrages des frères Cohen ou de Quentin Tarantino avec cette histoire de tueurs à gages où le l’assassin le plus craint est un employé de bureau muet spécialiste de la réparation d’aspirateur. Violence exagérée, humour noir et explosions dans tous les sens, le dessinateur s’amuse des clichés du genre autour de son héros à l’air constamment étonné. Le tout dans une Amérique fantasmée qui n’existe que et pour ces fictions policières « à gros budget ». Un cartel mexicain retrouve la trace du paisible Ramirez qui devra s’enfuir en croisant la route de deux jeunes femmes en cavale, version contemporaine de Thelma et Louise. Un album tourné vers l’action entrecoupé de flash-back sur le passé de notre mystérieux réparateur.

Les références au cinéma sont nombreuses et l’auteur parle de mise en scène plus que de dessin en ouverture de l’album pour souligner ce découpage très visuel qu’il a conçu comme un story-board très poussé. Un album concept où rien n’est laissé au hasard dans cette ambiance « années 80 ». La série est prévue en 3 actes et après l’accueil chaleureux des lecteurs pour ce premier volume, on espère que l’auteur va s’en donner à cœur joie dans les suites.

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#Manga
The Promised Neverland T1 de Kaiu Shirai et Posuka Demizu, Kazé

Surprendre le lecteur et déjouer ses intuitions, tel est le petit jeu instauré par Posuka Demizu et Kaiu Shirai dans cette série, The Promised Neverland, qui a fait parler d’elle. Sans trop en dévoiler, car les rebondissements donnent tout leur sens au premier tome, le thème un peu éculé de l’orphelinat aux gamins surdoués promis à un brillant avenir malgré cette période difficile est habilement détourné. Les enjeux montent rapidement et nous sommes entrainés dans une histoire riche et complexe assez loin de l’histoire facile qui nous était promise. Lorgnant du côté du récit d’épouvante en conservant l’action et le suspens au premier plan, ce titre mêle plusieurs genres avec astuce.

Si le titre nous fait immédiatement penser aux Aventures d’Alice au pays des merveilles (Alice’s Adventures in Wonderland) de Lewis Carroll, on s’aperçoit bien vite qu’il a plusieurs points communs dans cette fable qui va au-delà du récit jeunesse dont il a l’apparence. Ce qui se cache de l’autre côté du miroir est terrible et les enfants ont l’intuition bien plus vite que nous, que plusieurs choses ne vont pas. Un merveilleux qui oscille en permanence entre l’attirance et le repoussant. Les contes et légendes nous enseignent qu’en matière de croyances, de mystères et de magie, les jeunes sont plus adaptés à comprendre et réagir à ces problématiques. Une thèse assez défendue par Neil Gaiman qui en fait l’un des moteurs de bon nombre de ses fictions.

Les auteurs signent avec cette série, un shônen assez différent de ce qu’on peut lire habituellement, mettant en avant une héroïne et s’éloignant des codes graphiques du genre. La dessinatrice s’attelle à son premier titre ado-adulte après avoir travaillé sur des albums jeunesse. Il en ressort un décalage réussi entre la tension scénaristique et cette esthétique faussement kawaii (adjectif japonais qui désigne assez largement tout ce qui est mignon.) Espérons que la suite soit au rendez-vous après ce démarrage plein de promesses.

Prochain rendez-vous en septembre pour le meilleur des sorties du mois d’août.
Les archives de juinmai,  d’avril,  mars,  févrierjanvierles sorties spéciales Angoulême en 2018,
mais aussi décembrenovembred’octobre 2017, sont disponibles si vous voulez allez plus loin.

Et vous quels sont vos coup de cœurs ? 
Les livres que vous avez le plus aimé en ce début d’année ? Ou cet été ?

Illustration principale : © Emil Ferris / Monsieur Toussaint L’ouverture

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