Illustration de l'article
Incontournables
par Thomas Mourier - le 13/06/2019
Partager :
par Thomas Mourier - le 13/06/2019

Les Cahiers d’Esther de Riad Sattouf, Allary

Véritable documentaire fictionné sous forme de strips humoristiques, chaque album représente une année de la jeune fille et on peut la voir grandir, observer ses espoirs et déceptions, sa vision de l’actu, de son avenir, les événements marquants, ses tics de langage, les célébrités ou modes éphémères… C’est passionnant, étonnant & décapant.

Après l’incroyable Arabe du Futur (lire le coup de cœur), Riad Sattouf réinvente Le Petit Nicolas augmenté d’une connexion directe à l’actualité. À travers les aventures quotidiennes d’Esther (sa famille, ses amies, son école, sa vision du monde, ses passions…) c’est une vraie cartographie de notre société, commentée par la jeune héroïne, qui est proposée.

Quatrième volume, autour des 13 ans de la jeune fille, qui a déjà changé depuis le premier volume autour de ses 10 ans, à la lecture de ce nouveau volume on commence à sentir le passage du temps et la pertinence de ce projet au long court. Si le dessinateur arrive à son objectif dans cinq ans, cette série sera un document très précieux sur notre époque, en plus d’être une bande dessinée très drôle & vivante.

Série à succès dès son lancement (plus de 500.000 exemplaires vendus sur les 3 premiers tomes), toujours prépubliée dans L’Obs, mais également adaptée sur Canal+ en série animée depuis l’an dernier, traduite en plusieurs langues, les Cahiers d’Esther touche tous les publics et s’affirme comme une bande dessinée un peu à part et universelle.

Ce nouveau volet de la vie d’Esther s’ouvre sur le début de l’adolescence, les premiers amours, les fêtes, les responsabilités et le passage de l’enfance vers l’âge adulte. On imagine que la suite va être de plus en plus compliquée à recueillir pour le dessinateur, car l’héroïne anonyme qui se cache derrière Esther découvre sa propre vie secrète.

Depuis la Vie secrète des jeunes, le dessinateur travaille à simplifier son trait sans jamais perdre de vue le réalisme dans un style proche de la caricature, mais qui n’en fait jamais trop. Le dessin nous emmène immédiatement dans son univers, toujours à la limite du grotesque et de l’exagération. À l’image de l’exploration du langage & ses codes que s’approprie Riad Sattouf pour faire parler ses personnages avec beaucoup de véracité et d’humour, son dessin vient compléter cette recherche de style en proposant sa réinterprétation des postures et attitudes qui ancre la série dans le monde réel malgré l’approche non réaliste. Dans L’Arabe du futur, il a développé ce langage graphique qui lui est propre et les Cahiers d’Esther s’écrivent en miroir de la première, l’autofiction en complément du docu-fiction réuni par un trait limpide et efficace jouant sur les clins d’œil et le paratexte (didascalies, flèches, commentaires, apartés au lecteur…)

Riad Sattouf confirme avec cette série qu’il est l’un des auteurs les plus novateurs et créatifs de notre époque. Indispensables et incontournables, il devient de plus en plus difficile de ne pas croiser un de ses livres d’autant plus que son rythme de publication est assez soutenu.

Illustration principale & images extraites de l’album
© Riad Sattouf/Allary

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail