Âge de bronze oblige, le style ne plaira pas à tous, notamment aux plus jeunes. Bien qu'intemporel, le trait d'Aparo, pourtant toujours aussi efficace, peine à faire oublier une colorisation datée, et la pluralité de scénaris qui composent la série souffre également d'une narration aujourd'hui surannée (bordures de contextualisation, monologues intérieurs, commentaires invasifs...) . Passées les petites incommodités dûes à l'époque, il en reste un arc majeur dans l'historique de publication du personnage, osé et brutal, qui participera à faire rentrer le personnage d'Aquaman dans une ère plus sombre, de doutes et d'errances. "La Mort du Prince", c'est la fin de l'innocence, du niais, de l'ingénu. La fin des belles années de romance et d'horizons familiaux ensoleillés. Une déchirure. Le personnage qui vieillit avec son lectorat, et qui doit affronter la cruauté d'un monde pour lequel il se bat pourtant. Les épisodes d'Adventure comics et d'Aquaman compilés dans cet album permettent une magnifique découverte de l'univers d'Arthur et des siens, alternant sans cesse nouvelles menaces et enjeux, avec leur lot de super vilains iconiques. Petit bémol sur la partie graphique : peu d'ambition dans la représentation de ce monde sous marin, qui se traduit par un manque cruel de pleine page, et l'absence certaine de l'aspect contemplatif. Quoiqu'il arrive, "La Mort du Prince", c'est "Un deuil dans la famille" (mais en moins kitsch) , "La Mort de Gwen Stacy" ou encore le "Green Arrow/Green Lantern" de Dennis O'Neill et Adams : l'arrivée percutante d'un héros dans la triste réalité et la rudesse de notre monde.
