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Critiques
par Elias Toussaint - le 27/07/2021
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par Elias Toussaint - le 27/07/2021

L’Eden des sorcières, quand la nature n’est plus

Le conflit entre l’Homme et la nature est entamé depuis des siècles, marquant la déchirante séparation entre les deux. Que pourra bien faire la jeune sorcière Pilly pour réconcilier deux mondes qui ne peuvent coexister ?

En tant que grand fléau de notre temps, la destruction de la nature par l’homme a nourri des dizaines de fictions, tant dans le monde audiovisuel que dans la littérature et la bande-dessinée. Le dernier manga en date abordant ce sujet est L’Eden des sorcières, de Yumeji . Mais qu’est-ce qui différencie cette série des autres œuvres où l’Homme cause sa perte ?

Sorti cette année au Japon et déjà publié dans l’hexagone, ce manga se développe dans un univers de fantasy bien marqué. Ici, le merveilleux et la fécondité se mêlent à l’obscur et à la brutalité, marquant d’office une inéluctable opposition entre l’humain , être cruel et à l’avidité sans limites, et les êtres de la Nature, ayant fui et se retranchant dans de maigres oasis luxuriantes. 

Au milieu de ce décor, nous suivons Pilly, une apprentie sorcière en manque de confiance en soi, qui va être projetée dans cette spirale de violence et d’injustice. Le récit commence dans le havre de paix qu’elle partage Toura, la sorcière qui l’a élevée et éduquée. 

Tout semble aller pour le mieux jusqu’à ce que Pilly soit poussée par une raison impérieuse (mais sans attestation fournie par son enseignante) à sortir de ce lieu secret. Dehors, tout n’est que roche et poussière, et Pilly devra assister aux pires abjections avant de trouver une personne qui puisse l’aider.

Petit côté négatif, il s’ensuit une trahison que l’on voit venir à kilomètres, dû au manque de temps donné à Pilly, et à nous-mêmes lecteurs, de s’attacher au personnage qu’elle rencontre. La pression éditoriale peut-être, qui pousse les auteurs*trices à faire des introductions à vitesse grand V ? 

D’un autre côté, cela n’empêche pas le manga de présenter un univers cohérent et alléchant, emprunt de dark fantasy. L’importance centrale donnée aux plantes, et le fait que les humains les voient comme une menace, en font des ignorants ne comprenant plus leur fonctionnement, et cherchant à nier les règles du monde vivant.

Pilly va alors entreprendre l’épreuve impensable de bousculer ce monde fait de gentils et de méchants, en apportant la nuance et la conciliation.

La couverture n’est pas sans rappeler celle du chef-d’œuvre de Hayao Miyazaki, Princesse Mononoké (à lire en version manga ici). On observe ici une palette de couleur moins agressive, mais qui reste farouche et mystérieuse. Si l’inspiration de Kiriko Yumeji paraît claire, l’histoire s’en détache et tente de se forger une identité dans cette thématique plébiscitée.

L’Eden des sorcières est le premier manga publié pour la jeune autrice Kiriko Yumeji. Un début réussi, qui prouve son talent scénaristique et son talent singulier. Le dessin, bien qu’ayant un style affirmé, n’a rien d’exceptionnel, mais nous assistons à une intrigue bien construite et à des thèmes dans l’air du temps. Une série fort prometteuse donc. Le tome 2 sera disponible  le 4 novembre prochain.

L’Eden des Sorcières, de Yumeji, Ki-Oon (1 tome)

Traduction : Géraldine Oudin


Illustrations © Yumeji / Ki-Oon

© Yumeji / Ki-Oon
© Yumeji / Ki-Oon
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