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Incontournables
par Thomas Mourier - le 13/08/2017
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par Thomas Mourier - le 13/08/2017

The Spirit de Will Eisner

Les enquêtes du Spirit distillent un sens de l’humour très fin au milieu de ses intrigues policières et fantastiques.

Si nous avons déjà évoqué Will Eisner au chapitre des Graphic Novel, c’est que son influence est grande dans l’industrie des comics. Pour celui qui ne voulait pas faire de super-héros mais dont le contrat le poussait à ce genre, il trouva un compromis en créant le Spirit : détective masqué et justicier nocturne Denny Colt se fait passer pour mort pour opérer en toute tranquillité depuis sa base secrète dans un cimetière de New York/Central City.

The Spirit de Will Eisner, Soleil

Pleine d’esprit et de malice, on quitte un peu le sérieux des premiers comics de super-héros alors à la mode (Superman et Batman n’ont que 2 ans et 1 ans d’existence au lancement du Spirit.) Le ton oscille en permanence entre ses deux mondes et donne une épaisseur particulière au personnage et une vraie marque de fabrique au titre.

Très inspiré par Caniff à ses débuts (voir plus haut), on trouve des décors et des personnages secondaires très travaillés pour appuyer notre héros, du sidekick Ebony White rappelant Connie, aux femmes fatales évoquant les silhouettes et le charisme de Dragon Lady et Lady Burma ou encore ses ennemis aux origines asiatiques obscures.
Et son approche thématique et narrative se démarque rapidement du genre, avec un parfum hard-boiled hérité de Dashiell Hammett, Raymond Chandler, ou Chester Himes. La ville prend une place importante dans le strip et cette atmosphère noire densifie l’intrigue et les personnages. Les planches prennent de plus en plus d’ampleurs et les titres de chaque histoire sont un sommet d’inventivité, le mot Spirit est intégré à un décor urbain dans une image qui déjà, à elle seule, vaut le détour.

Puis, il travaille ses planches en gaufrier régulier et commence à en éprouver les limites. Certaines cases disparaissent, il tord l’espace, un travail qui aboutira presque trente ans plus tard à une vraie évolution sur la forme dans Un Pacte avec Dieu (Lire l’incontournable) en 1978. Le dessinateur met l’accent sur le dessin et se démarque de ses contemporains par son style très mature, son trait très précis et son encrage redoutable, lisible par un large public.

Eisner s’amuse des genres et des codes dans cette série qui va devenir très rapidement populaire. Au point qu’il remonte un studio, comme celui qu’il vient de quitter et embauche assistants, encreurs, lettreurs pour assurer les livraisons. Malgré le succès, il va peu à peu délaisser la série et déléguer de plus en plus jusqu’à la confier complètement à d’autres. Il y reviendra en 1966 le temps de quelques épisodes et surtout de rééditions car la critique et ses pairs redécouvrent, s’inspirent et encensent l’œuvre. À ce moment là, Will Eisner passe à autre chose avec ses “graphic novel” et démarre une seconde carrière encore plus prolifique que la première déjà dense et marquante.


Illustration principale : © Will Eisner

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