Illustration de l'article
Incontournables
par Thomas Mourier - le 13/08/2019
Partager :
par Thomas Mourier - le 13/08/2019

Gasoline Alley de Frank King

II se dégage une simplicité et une beauté rare de ces planches anciennes qui peuvent être lues par les petits et les grands sans rien perdre de leur force.

Cette série a probablement la palme de la traduction la plus exotique : Patatras et son oncle Pépito dans les magazines Cœurs Vaillants et Benjamin dans l’entre deux-guerres. Cette anecdote renferme une mauvaise nouvelle, ce comics n’est pas traduit en français actuellement mais comme c’est un chef d’œuvre absolu que je place très haut dans mon panthéon personnel, je vous propose d’en parler et vous engage à prendre des cours d’anglais comme je l’ai fait pour pouvoir (entre autre) lire cette pépite. [Scoop : Depuis la publication de cette chronique, les éditions 2024 ont publié un recueil des strips du dimanche, de toute beauté ! ]

WALT & SKEEZIX - Gasoline Alley de Frank King, 2024

Car, en plus de ses sublimes planches et de son art de vivre enthousiasmant, ce strip a deux particularités étonnantes : ses personnages vieillissent au fil du temps et le titre, débuté en 1918, est toujours publié aujourd’hui (plusieurs dessinateurs se sont succédé après King.

À l’origine, The rectangle était une image, un gag destiné à attirer l’œil sur la rubrique auto du journal Chicago Tribune, puis il devient rapidement autonome, renommé Gazoline Alley, les protagonistes évoluent autour de ce monde automobile jusqu’à l’arrivée d’un bébé. Le cartoon anecdotique devient strip et s’émancipe de sa rubrique pour évoluer vers une bande dessinée touchante et grandiose.

Chose rare, Frank King proposa rapidement cette intention de jouer avec le temps, qui dessinera plusieurs générations de personnages en nous faisant vivre des moments tendres ou difficiles de ces héros du quotidien. Son projet prend véritablement forme avec l’arrivée de Skeezix, ce bébé abandonné sur le porche de Walt qui va l’élever comme un père, va le voir grandir, se marier, avoir des enfants… Il se dégage une simplicité et une beauté rare de ses planches, qui comme Little Nemo peuvent être lues par les petits et les grands sans rien perdre de leur force. La beauté de ce comics réside dans la finesse des relations et des émotions, la mise en scène du temps qui passe et le rapport à la nature et aux saisons. Je crois qu’aucun strip ne rend la magie de la nature et des plaisirs simples d’une ballade, d’un pique-nique (à part peut être Calvin & Hobbes…)
À l’instar de McKay, Frank King est un très grand dessinateur, à la fois pour son sens de la caricature et du mouvement qui campe un personnage crédible en quelques lignes que pour ses compositions et ses représentations de la nature. Des titres ornés des pages du dimanches, aux cases les plus oniriques, il y a une filiation certaine entre les deux hommes. King avait lu les planches de son aîné, et il ira même jusqu’à imaginer des gags où Walt se retrouve à rêver de monde imaginaires avant de tomber de son lit et de briser le charme.

Pour apprécier le dessin, le style et les compositions de King, je vous conseille de commencer par les pages du dimanche, elles ont le double avantage de pouvoir se lire de manière indépendante du reste mais sont également un lieu d’expérimentation des personnages : de penser à leur vie, à leurs projets (mais également un lieu  d’expérimentations de l’auteur sur les couleurs, le graphisme ou la narration). Ces planches très importantes ont été publiées à part chez Drawn and Quarterly et Dark Horse et aujourd’hui en français chez 2024, et vous pouvez trouver l’intégrale des strips chez Drawn and Quarterly.

Si vous aimez profondément Little Nemo, Snoopy et les Peanuts ou Calvin & Hobbes vous ne pouvez pas passer à côté.


Illustration principale : © Frank King / 2024

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous à la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boîte mail