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Critiques
par Baptiste Gilbert - le 21/08/2023
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par Baptiste Gilbert - le 21/08/2023

The Blue Flame, porter la flamme de l’humanité

Avec The Blue Flame, Christopher Cantwell et Adam Gorham proposent un récit aux allures de science-fiction super-héroïque, qui se révèle être une plongée dans la psychologie post-traumatique d’un homme, doublée d’une vaste réflexion sur la nature humaine. Un album dense et riche dans un format magnifique chez 404 éditions.

The Blue Flame a beaucoup à offrir. L’histoire est celle de Sam Brausam, justicier local de Milwaukee, qui suite à un traumatisme voit les frontières se brouiller entre lui et son alter-égo super-héroïque : Blue Flame. Son identité et ses croyances sont balayées par une trahison mortelle et les limites de la réalité deviennent floues. On suit alors en parallèle son parcours sur Terre et ses difficultés à se reconstruire, et le procès galactique qui devra décider du sort de l’humanité tout entière, durant lequel il tient le rôle d’avocat de la défense.

La lecture commence par une surprise : passé la superbe couverture et les premières pages façon space opéra rétro, le style graphique est plus classique que ce à quoi on s’attendait. Cela tient sans doute au côté cosmique vendu par l’écrin, mais finalement assez secondaire : la moitié du récit se déroule sur Terre dans une ambiance très réaliste de dépression post-traumatique, tandis que l’autre se déroule dans une salle de procès, galactique certes, mais qui opte pour la sobriété. 

L’album est toutefois plutôt joli, et Adam Gorham s’offre même quelques vraies fulgurances visuelles. Son excellent travail de mise en scène et de découpage nous permet de naviguer sans problème entre les deux temporalités.

Reprendre espoir

On le comprend vite, en sous-texte, ce procès galactique représente les efforts de Sam pour reprendre foi en l’humanité suite au drame horrible qu’il vient de subir. Et suite aux questionnements que cela à provoqué chez lui, y compris vis-à-vis de personnes qu’il aimait … et de lui-même. Un moyen pour les auteurs de développer une vaste réflexion sur la nature humaine, sa place dans l’univers, d’en pointer les qualités et, surtout, les innombrables défauts. Sans oublier les conséquences de la condition super-héroïque débarrassée du vernis fictionnel.

Après l’excellent Everything (qu’on vous recommandait chaudement ici) Christopher Cantwell revient à quelque chose de plus grand public, sur tous les plans. Dans ce style plus abordable, il conserve toutefois tout son talent dans l’usage du genre (ici la SF et les super-héros) pour aborder avec subtilité des thématique sociétales fortes.

Le récit à la double temporalité permet aux auteurs de créer un jeu de résonances, à la fois graphiques et scénaristiques, entre les difficultés bien concrètes de Sam et celles, à l’immense portée philosophique, de son alter-égo qui cherche à sauver l’humanité. Idem pour les personnages qui l’entourent sur Terre, et qui vont régulièrement avoir un écho dans le cadre du procès.

Le propos est parfois légèrement décousu, et les dernières pages apportent une conclusion peut-être un peu facile à ce vaste procès de l’espèce humaine. Mais peu importe, on retiendra de The Blue Flame sa densité, sa richesse philosophique, et sa capacité à dépeindre à la fois un parcours très touchant à l’échelle d’un individu et une réflexion fascinante à l’échelle de l’humanité. 


The Blue Flame, Christopher Cantwell et Adam Gorham, 404 Comics


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