Attention comics non identifié cette semaine avec le très drôle et étonnant Super Mutant Magic Academy, un recueil de strips parus en ligne sur un Tumblr entre 2010 et 2014 augmenté d’inédits. J’avais pu lire quelques pages mais la forme reliée et complétée a un attrait certain en plus d’offrir une expérience de lecture assez différente.
Habituée des récits de formation et des histoires de passage à l’âge adulte avec les œuvres de sa cousine, Mariko Tamaki, auteure de SKIM et Cet été là ; c’est avec une grande liberté de ton et de dessin que Jillian Tamaki s’attaque à l’adolescence et ses problèmes via un angle détonant.
Elle inscrit ses strips dans la lignée de Calvin & Hobbes ou de Snoopy et les Peanuts mais avec des personnages et des situations sorties des X-men ou Harry Potter. Un mix détonant où chacun cherche un sens à sa vie, à ses malheurs ou simplement à s’exprimer dans un monde où même les pouvoirs les plus puissants ne peuvent résoudre un chagrin d’amour. Détruire une planète peut être plus facile que demander à sa voisine de table de sortir avec elle.
C’est fin, drôle et poétique. Les pages alternent entre les gags, les essais plus visuels et des moments plus réflexifs dans la pure lignée des tourments et réjouissances de Charlie Brown et ses amis. Au fil des pages, on peut mesurer les évolutions graphiques et les tentatives d’expérimenter de nouvelles techniques tant ces pages étaient conçues comme une récréation par la dessinatrice. Les planches se répondent entre elles sans vraiment se suivre, les cadrages et compositions varient d’un jour à l’autre et cet ensemble hétéroclite tiens par la seule force de sa thématique et son traitement réussi. Chaque personnage prend la parole et s’empare du strip avant de laisser sa place avec toujours cette petite pointe de dérision.
Illustration(s) parfaite de l’âge ingrat, ce recueil fourmille d’inventivité et d’idées. A tel point que l’auteure aurait pu continuer sa série indéfiniment avec ses mêmes personnages à la manière de ses grands strips de la presse que l’on évoquait plus haut. À ne pas mettre entre toutes les mains, quoique… le ton est volontairement corrosif et provocateur mais ces ados n’en sont que plus attachants. Une vraie bouffée de fraîcheur dans les sorties très condensées de ces derniers mois ; et pas seulement pour son titre, officiellement le titre de livre le plus cool de 2017
Images extraites de l’album © Jillian Tamaki/ Denoël Graphic
