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Incontournables
par Thomas Mourier - le 4/01/2017
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par Thomas Mourier - le 4/01/2017

Ghost in the shell de Masamune Shirow

Fin du collège, un copain me montre ses “BD spéciales” que ses parents lui ont offertes. Nous sommes à la fin des années 90 et je feuillette fasciné Gunnm, Akira, Ghost in the shell et Nomad. C’est très beau, un peu violent et fou, mais surtout c’était dense, très dense : jamais mes Astérix et mes… Lire la Suite →

Fin du collège, un copain me montre ses “BD spéciales” que ses parents lui ont offertes. Nous sommes à la fin des années 90 et je feuillette fasciné Gunnm, Akira, Ghost in the shell et Nomad. C’est très beau, un peu violent et fou, mais surtout c’était dense, très dense : jamais mes Astérix et mes Thorgal n’ont fait des centaines de pages. Glénat proposait des albums incroyables qu’on appelait “manga” et un nouvel univers s’est ouvert…

Avec seulement deux volumes (un seul en VO) et trois hors-séries, ce titre a eu une grande influence sur les lecteurs et les auteurs qui ont lu l’œuvre de Masamune Shirow. Le mangaka réutilise des grands thèmes de la science-fiction des années 1980 et en particulier le courant cyberpunk qui imaginait le pire en termes d’emprise technologique sur le monde. Des thématiques et une esthétique prisée des amateurs qu’il va populariser à travers ce manga et deviendra mondialement culte avec le long métrage de Mamoru Oshii qui en sera tiré. Sous couvert d’un manga d’action/espionnage dans un univers cyberpunk, au dessin très fan service (tous ces robots féminins en sous-vêtements est une partie émergée de l’iceberg) c’est une vraie tentative d’essai philosophique sur l’homme augmenté et la technologie qui nous ait proposés. Chaque situation est prétextée aux réflexions du Major Kusanagi au corps artificiel, qui questionne sa nature et va devoir comprendre son ennemi le plus retord : une intelligence artificielle dotée d’une conscience.

Le Motoko Kusanagi est un cyborg plein de ressources dont les missions musclées comportent toujours une partie de duel intérieur. Elle fait partie de la Section 9, branche secrète et non officielle de la sécurité intérieure spécialisée dans l’antiterrorisme et dotée d’un équipement de pointe et de soldats aux compétences exceptionnelles. L’auteur s’amuse à inventer des institutions et des armes futuristes, dans un contexte de Guerre froide aux situations géopolitiques crédibles. Pour renforcer ce point de vue, entre deux scènes de poursuite ou de combat, il s’amuse à inscrire des commentaires dans la marge sur ces dernières lectures, sur comment il a trouvé cette idée… Ainsi le manga acquiert une forme hybride avec cet appareil de notes qui convient parfaitement au propos.

« — Tu veux un peu de musique New-age pour te détendre ?
– Vous ne vous en tirerez pas comme ça, pourritures de flics ! / Ouais / Vous méprisez nos droits ! / Vous piétinez nos libertés !
– Pff…Personne ne se préoccupe de l’humain qui est mort. Mais ces putains de machines forment un vrai Lobby… La vie vaut de moins en moins cher…
– Ah, laissez tomber, Major… Inutile de discuter avec une foule au bord de l’émeute… »

Le dessin chargé, anguleux de Masamune Shirow participe de l’atmosphère cyberpunk qui se dégage de l’œuvre. Son utilisation charbonneuse du trait et des trames donnent une aura noire à l’ensemble contrastant avec le ton joyeux et cabotin des dialogues.Beaucoup d’humour et de second degré dans ce manga dont l’enjeu est de réfléchir sur la limite personne-machine et ce qui fait l’essence d’un Homme quand on a remplacé chaque partie de son corps par un composant mécanique.

La série compte déjà quatre longs-métrages d’animation, trois séries télé, des jeux-vidéos et un film live avec Scarlett Johansson en plus des mangas. En quelques centaines de pages, Ghost in the shell s’est imposé comme une œuvre incontournable du paysage de la science-fiction même si aujourd’hui il apparaît un peu plus daté qu’Akira au regard du courant cyberpunk qui s’est essoufflé et aux nouvelles technologies qui font partie de nos vies.

Images extraites de l’album © Masamune Shirow / Glénat

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