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Incontournables
par Thomas Mourier - le 12/07/2017
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par Thomas Mourier - le 12/07/2017

Bonne nuit Punpun d’Inio Asano

Parfois on met du temps à aborder les œuvres fortes, c’est ce qui m’est arrivé avec Bonne nuit Punpun. Conseillé plusieurs fois par des proches, tournant autour en ayant lu des critiques régulièrement et des commentaires sur les réseaux, j’ai fini par lire les autres œuvres d’Inio Asano publiées en France avant d’attaquer ce gros… Lire la Suite →

Parfois on met du temps à aborder les œuvres fortes, c’est ce qui m’est arrivé avec Bonne nuit Punpun. Conseillé plusieurs fois par des proches, tournant autour en ayant lu des critiques régulièrement et des commentaires sur les réseaux, j’ai fini par lire les autres œuvres d’Inio Asano publiées en France avant d’attaquer ce gros morceau.

Aborder le monde de cet auteur n’est pas chose facile, car le malaise côtoie facilement le bonheur, l’étrangeté la simplicité ou la méchanceté la beauté. Le jeune dessinateur s’est fait une spécialité de décrire et de partager le mal-être des adolescents et des jeunes adultes face à la réalité, la sexualité et leur présence au monde. Au final des questions que nous nous sommes tous posées et que nous nous posons encore sur ce que nous voulons faire de notre vie, notre rapport aux autres, à l’amitié et à l’amour, comment trouver le bonheur, etc… la liste est longue. Et les mangas d’Asano frappent souvent juste et procurent au lecteur des émotions contradictoires qui peuvent paraître familières.

Je ne fus vraiment pas déçu, lisant les treize volumes d’une traite, me laissant dans un état perplexe entre satisfaction et malaise. Obéissant à une mécanique d’orfèvre, le manga débute sur les jeunes année de Punpun et son innocence, ses rêves, ses désirs et bascule petit à petit vers l’âge adulte et ses choix difficiles, sa perte des repères et ses désillusions avant de complètement virer au cauchemar avec deux événements horribles qui vont changer sa vie à tout jamais. La série relève du genre de la romance en apparence mais se révèle être une tragédie puissante traversée d’éclairs poétiques et humoristiques.

« Sa cervelle avait jailli de son zizi !! »

Impossible de passer à côté, le point d’accroche de la série est ce personnage de Punpun, sorte d’oiseau géométrique planté au milieu de personnages et de décors très réalistes. Voulu par l’auteur comme un pas de côté destiné à attirer l’attention du lecteur, cet avatar permet au lecteur de mieux s’identifier à la quête et aux doutes de ce « héros ». Un poussin en guise de coquille vide pour traverser l’œuvre à la hauteur des protagonistes pour cette saga qui s’étale sur une dizaine d’années.

Le trait d’Asano se fait de plus en plus précis au fil des publications en même temps qu’il se permet de nouvelles audaces graphiques. Collages, motifs, déformations, l’univers graphique de Punpun est aussi décapant que son scénario est atypique. Le dessinateur pousse le réalisme ou l’ornement assez loin, s’amusant à détourner les stéréotypes du manga superficiel, joli mais creux.

Les histoires d’Inio Asano comportent également une bonne part d’inserts et de second degré au milieu de ces drames captivants, avec très souvent une part de mise en abîme. Dans ses mangas, plusieurs personnages sont des mangakas et évoquent leur quotidien de créateurs. Dans celui-ci, la jeune Sachi tente de séduire un éditeur avec son projet et finit par vendre une histoire qui n’est autre que Solanin (un manga bien réel d’Asano). Et dans sa dernière série en cours Dead Dead Demon’s Dededededestruction, les personnages lisent Isobeyan, une série fictive à la manière du comics « Billy Bat » dans la série Billy Bat de Naoki Urasawa.

Bonne nuit Punpun, comme pour toutes ses créations, n’échappe pas à la règle : assez difficile d’accès malgré un dessin aguicheur, il faut s’accrocher un peu pour saisir toute l’ampleur de l’œuvre et je vous garanti que l’on n’est pas déçu. À réserver toutefois à un public averti, certaines scènes sont assez crues. Vous pouvez partir sur Solanin, Un monde formidable ou Le Quartier de la lumière pour entrer dans son univers de manière plus douce.

Images extraites de l’album © Inio Asano/Kana

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