Illustration de l'article
Incontournables
par Thomas Mourier - le 3/11/2017
Partager :
par Thomas Mourier - le 3/11/2017

đŸ”„100e “chronique” : les coups de cƓur de l’équipe Bubble

Si vous avez loupĂ© les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents : AprĂšs la chute du Mur et l’alliance des grandes familles, le Nord est complĂštement rasĂ© par les marcheurs blancs qui se dĂ©ploient vers la Nera
 Ah ce n’est pas le bon script, euh on ne vous a rien dit. AprĂšs deux ans de chroniques, de conseils, de coups
 Lire la Suite →

Si vous avez loupĂ© les Ă©pisodes prĂ©cĂ©dents : AprĂšs la chute du Mur et l’alliance des grandes familles, le Nord est complĂštement rasĂ© par les marcheurs blancs qui se dĂ©ploient vers la Nera
 Ah ce n’est pas le bon script, euh on ne vous a rien dit.

AprĂšs deux ans de chroniques, de conseils, de coups de cƓur hebdomadaires ; aprĂšs une centaine de semaines Ă  chercher et dĂ©nicher les pĂ©pites parmi les 5000 sorties annuelles ; aprĂšs vous avoir proposĂ© un service de conseils en ligne non stop : on s’est dit que nous allions fĂȘter cette 100e chronique de la semaine tous ensemble
. Toute l’équipe de Bubble a tenu Ă  partager son coup de cƓur ultime ou presque, et on attend de pied ferme les vĂŽtres sur le groupe ou dans les avis dans l’app !

Le coup de cƓur de BenoĂźt : Le Nid des Marsupilamis de Franquin

J’ai peut ĂȘtre lu plus de bandes dessinĂ©es dans ma jeunesse qu’aujourd’hui mais je garde de trĂšs bons souvenirs de sĂ©ries qu’il y avait chez mes parents: Boule et Bill, Spirou et bien sĂ»r cet album mythique autour de la crĂ©ature la plus folle de la bande dessinĂ©e le Marsupilami.

Avec lui, les aventures de Spirou et Fantasio prenaient un autre tour, on glissait vers le merveilleux et les intrigues devenaient fantastiques. Et chez Franquin il y avait toujours le souci du dĂ©tail : les vĂȘtements, le mobilier, les voitures,
 alors ce fantastique s’invitait immanquablement dans le quotidien. On s’attendait toujours Ă  ce qu’une crĂ©ature Ă©trange dĂ©barque Ă  chaque Ă©pisode « classique Â»

L’épisode est construit comme un documentaire animalier au cƓur d’une intrigue plus conventionnelle dans les forĂȘts denses de la Palombie, et le dessinateur en profite pour prendre son temps et dĂ©velopper l’univers de ces animaux poĂ©tiques. Tout n’est qu’élĂ©gance et finesse dans leur monde et Franquin le traduit par son dessin incroyable. Champion incontestĂ© du dessin animalier et du mouvement, il dĂ©ploie tout son art dans cet album oĂč chaque dĂ©tail peut se contempler des heures. C’est un album inĂ©puisable, et chaque image du hĂ©ros jaune Ă  pois noirs Ă©voque pour moi une jungle de bons souvenirs.

Le coup de cƓur de Carole : Alinoe, de Jean Van Hame et Gregor Rosinski

C’est en lisant la sĂ©rie Thorgal que ma maman collectionnait que j’ai appris Ă  lire. Je trouve qu’elle est vraiment excellente car elle se dĂ©roule dans un monde complexe qui mĂ©lange mythologie viking et science-fiction avec des personnages attachants et un hĂ©ros super Badass.

Thorgal est un orphelin issu d’un peuple mystĂ©rieux venu des Ă©toiles dotĂ© d’une grande intelligence et trĂšs en avance techniquement. Il est recueilli par un viking aprĂšs que sa mĂšre l’ait abandonnĂ© sur terre pour le sauver d’une terrible menace. Une fois adulte il Ă©pouse la fille du chef : Aaricia mais ils vont devoir quitter leur village car les habitants refusent leur union. Toute sa vie Thorgal va chercher un lieu ou vivre en paix avec sa famille. Ce sera le fil rouge de toute la saga.

Le tome 8 de la sĂ©rie qui a pour titre AlinoĂ« me terrorisait quand j’étais petite, le personnage Ă©ponyme est vraiment flippant. Thorgal est absent de tout le tome car il est parti chercher des vivres durant 3 jours et laisse Aaricia et Jolan, leur fils, seuls sur l’üle qu’ils ont choisie pour vivre en paix loin des hommes qui les ont bannis. Jolan, 5 ans, s’ennuie jusqu’à ce qu’il fasse la connaissance d’un jeune garçon mystĂ©rieux aux cheveux verts. Cet ami imaginaire va remplir l’existence solitaire de cet enfant vivant seul avec ses parents au milieu d’une Ăźle mais les rĂ©jouissances vont se gĂąter quand la crĂ©ature Ă©chappera Ă  son crĂ©ateur et s’en prendra Ă  Aaricia


AprĂšs ce tome lĂ  j’ai continuĂ© Ă  dĂ©vorer la saga mĂȘme si AlinoĂ« m’a hantĂ© encore quelque temps au point mĂȘme que je refusais qu’il soit rangĂ© avec les autres tomes.

Le coup de cƓur de ClĂ©ment : Lone wolf and cub de Kazuo Koike & Goseki Kojima

Je ne lis pas Ă©normĂ©ment de bandes dessinĂ©es, mais il y a quelques mangas qui m’ont marquĂ©. Dragon ball Ă©videmment, mais d’autres un peu moins connus comme Lone wolf & cub. Il se prĂ©sente comme un manga historique, se dĂ©roulant dans la pĂ©riode Edo, moyen Ăąge japonais (un peu plus classe que le moyen Ăąge europĂ©en) et met en scĂšne les aventures d’un samouraĂŻ sans maĂźtre qui refuse de se suicider pour venger sa famille. DĂ©sormais en quĂȘte de son honneur et de l’assassin de sa femme et de son clan, il parcourt les routes du Japon fĂ©odal et dĂ©rouille tout ce qui se met en travers de son chemin.

Mais ce qui distingue vraiment cette sĂ©rie des autres est ce duo improbable: le personnage principal, terrible sabreur et son fils en bas Ăąge qui l’accompagne. Le loup solitaire et le berceau. Les tueurs les plus improbables de la littĂ©rature. À tel point que 5 ou 6 films ont Ă©tĂ© tirĂ©s de cette histoire et Quentin Tarentino s’en est largement inspirĂ© et y fait explicitement rĂ©fĂ©rence dans son Kill Bill.

Franck Miller (Sin City, 300) a dessinĂ© les couvertures des versions anglaises et françaises. Il admire beaucoup l’esthĂ©tique et la maniĂšre Ă  la fois violente et graphique d’aborder ce sujet. Et on ne peut que le suivre !

J’ai vĂ©cu quelque temps en Asie et j’ai aimĂ© la maniĂšre de raconter des auteurs, derriĂšre l’histoire et les scĂšnes de batailles ils prennent le temps de nous montrer plusieurs facettes de la sociĂ©tĂ© japonaise. Des lieux, des villes, des paysages, les habitudes, la gastronomie,
 la sĂ©rie est riche de ce background trĂšs fouillĂ© –derriĂšre son histoire captivante. Une sĂ©rie trop mĂ©connue qui mĂ©riterait d’ĂȘtre plus mise en avant.

Le coup de cƓur de Guillaume : Le Grand MĂ©chant Renard de Benjamin Renner

Dans une ferme une poule, au caractĂšre bien trempĂ© et ses copines. Dans le sous-bois Ă  cĂŽtĂ© un renard, affamĂ© et son mentor carnassier, le loup. Au centre, trois Ɠufs devenant poussins, dĂ©bordants d’énergie â€Š et non, il ne s’agit pas du dernier La Fontaine ni d’un prequel du Roman de Renard ! Ici notre goupil est un gros loser qui n’a jamais rĂ©ussi Ă  se mettre le moindre morceau de viande sous la dent, et qui fuit sous les coups de latte des poules dĂšs qu’il tente d’en croquer une. Fermement dĂ©cidĂ© Ă  ne pas rester condamnĂ© Ă  manger des navets, il manigance avec le loup le plan parfait : voler des Ɠufs et engraisser les poussins, pour enfin manger de la gallinacĂ©. Mais le plan sans (ac)crocs en a un : lorsque les Ɠufs Ă©closent les trois poussins se tournent vers le renard et le prennent pour leur Maman. MĂȘme s’il avait mis toutes les chances de son cĂŽtĂ©, comme l’illustre son tonitruant « Bienvenue dans votre pire cauchemar ! Â» en guise d’accueil pour les trois poussins, notre pauvre renard n’est une fois de plus pas pris au sĂ©rieux dans son rĂŽle au sein de la chaĂźne alimentaire
 et va d’ailleurs finalement se prendre d’affection pour ces rejetons.

Cette BD de presque 200 pages est Ă  lire comme un conte ultra moderne, qui prend un malin plaisir Ă  dĂ©jouer les clichĂ©s et les rĂŽles prĂ©Ă©tablis. En mettant en scĂšne les tiraillements du renard entre sa vraie nature et celle qu’il est supposĂ© avoir, Benjamin Renner dĂ©livre une histoire hyper drĂŽle et dĂ©calĂ©e, agrĂ©mentĂ©e d’une mise en page sans cases et relativement simple, mais d’une grande efficacitĂ©. Les personnages sont tous tordants (je n’avais pas encore Ă©voquĂ© le chien nonchalant, le lapin et le cochon autant benĂȘts que parfaits seconds rĂŽles, le moineau plein d’orgueil,
), leurs dessins hyper expressifs, et les dialogues savoureux.

On pourrait croire que Le Grand MĂ©chant Renard est seulement destinĂ© aux enfants, dĂ©trompez-vous. Je me souviens avoir lu quelque part qu’une bonne histoire pour enfants, c’est surtout une histoire qui se lit, et se relit
 aussi sans enfants ! Et en effet, Le Grand MĂ©chant Renard est un ouvrage Ă  plusieurs niveaux de lectures, plein d’humour et de dĂ©rision, trĂšs bien rythmĂ©, et que je relis chaque fois avec un immense plaisir !

Le coup de cƓur de Nicolas : Plan-plan cucul d’Anouk Ricard

Je vous ai dĂ©jĂ  parlĂ© d’Anouk Ricard je crois. En fait j’en suis sĂ»r mais comme tout son univers est improbable, il faut toujours se mĂ©fier des certitudes.

Anouk Ricard s’empare des genres et les englue lentement dans l’absurde avec une grosse dose d’humour ultra dĂ©calĂ©, tout en conservant son dessin animalier faussement naĂŻf. AprĂšs l’incroyable Coucous bouzon qui s’attaquait au monde de l’entreprise, Plan-plan cucul reprends les codes du porno old-school d’avant internet. On y croise des livreurs de pizza sexy, des rĂ©parateurs de tĂ©lĂ© que l’on reçoit en petite tenue, des infirmiĂšres candides,
 bref tous les archĂ©types de ses productions cheap dont les scĂ©narios et dialogues tiennent intĂ©gralement sur l’élastique d’un slip.

Pas besoin d’aller trĂšs loin pour parodier ces films, du coup la dessinatrice en rajoute une couche. Au milieu de la partouze gĂ©ante entre les diffĂ©rentes incarnations de fantasmes conventionnels (policiers, infirmiĂšres, soubrettes,
) prĂ©sents Ă  la soirĂ©e, arrivent une bande d’extraterrestres : des femmes vagins qui fuient leurs hommes pĂ©nis impuissants.

Le plus amusant est que personne ne se comprend vraiment dans les albums d’Anouk Ricard. Le monde semble peuplĂ© d’idiots et de simplets plus ou moins sympathiques et elle s’amuse Ă  dĂ©cortiquer nos pratiques sociales Ă  travers ce prisme. Je viens d’acheter ces deux albums de Faits divers chez Cornelius oĂč elle illustre de vrais faits divers tirĂ©s de la presse rĂ©gionale. Et bien ce n’est pas trĂšs diffĂ©rent, les idiots sont plus nombreux que l’on croit
Lisez Plan-plan cucul !
Parce que
 Lisez tout ses albums en fait.

Le coup de cƓur de Thomas : Watchmen d’Alan Moore & Dave Gibbons

La bande dessinĂ©e qui m’a le plus marquĂ© ado et poussĂ© Ă  rĂ©flĂ©chir Ă  ce mĂ©dium comme une Ɠuvre littĂ©raire Ă  part entiĂšre. De comprendre que la forme et le fond Ă©taient Ă©troitement liĂ©s, l’un et/est l’autre. Alan Moore est le plus grand scĂ©nariste contemporain et il pousse le dĂ©tail Ă  un point que les dessinateurs qui l’accompagnent sur ces projets deviennent les co-auteurs d’un livre-monde unique Ă  chaque fois.

Ultra-violent dans les paroles et dans les actes. DĂ©crivant un monde changeant pourri par la corruption, les manigances gouvernementales et les guerres ; une vision qui n’était pas pour me dĂ©plaire Ă  l’ñge officiel de la rĂ©bellion et la fin de l’enfance. La portĂ©e politique de l’Ɠuvre et la dĂ©construction du hĂ©ros classique remettaient en cause pas mal d’autres lectures et offraient un nouveau sens Ă  d’autres. J’ai dĂ©couvert que certains livres possĂ©daient les clefs pour en lire d’autres.

Une Ă©criture forte, presque magique selon les thĂ©ories de l’écrivain-magicien, oĂč chaque mot, case ou dĂ©tail du dessin Ă  une importance dans cet Ă©difice mĂ©ta-textuel. Un dessin rĂ©tro, volontairement vintage et datĂ© avec une construction et une mise en scĂšne trĂšs minutieuse qui offre Ă  son lecteur une plongĂ©e entre l’étouffement et la fascination. Je ne sais pas comment l’ont lu ceux qui ont dĂ©couvert le comics lors de sa prĂ©publication mais pour ma part impossible de ne pas lire l’intĂ©grale d’un bloc, d’un souffle.

Une enquĂȘte terrible sur un assassin de hĂ©ros au milieu de la Guerre froide, une quĂȘte dĂ©sespĂ©rĂ©e au moment oĂč la fin du monde est programmĂ©e par deux superpuissances, un complot impossible Ă  comprendre et maĂźtriser mĂȘme pour des surhumains. Le ton monte, les personnages sont odieux, l’univers glauque mais difficile de ne pas tomber sous le charme dĂ©suet de ses hĂ©ros maladroits, crĂ©tins et rĂ©actionnaires qui pensent faire le bien. Les auteurs posent un regard critique sur le bien fondĂ© des super-hĂ©ros et de l’idĂ©ologie vĂ©hiculĂ©e depuis Superman et s’interrogent mĂȘme sur notre sociĂ©tĂ© Ă  travers ces grandes idĂ©es sur la Justice, la Morale, le Bien et le Mal qui composent la trame hebdomadaire des fascicules amĂ©ricains.

Coup de gĂ©nie, mais le scĂ©nariste ne les comptes plus. Cette histoire volontairement datĂ©e et millĂ©simĂ©e en devient intemporelle. Une Ɠuvre qui parle de son Ă©poque et de la nĂŽtre. Un album qui offre une nouvelle lecture Ă  chaque relecture.

Actualités
Voir tout
Publications similaires
Abonnez-vous Ă  la newsletter !
Le meilleur de l'actualité BD directement dans votre boßte mail